24 mars 2006

BD d'hier, BD de demain

Je vous présente l'éditeur BD le plus exaltant que je connaisse : c'est celui de Chris WARE, que vous connaissez peut-être pour la parution de Quimby Mouse et Jimmy Corrigan, The Smartest Kid on Earth, deux volumes qui révolutionnent carrément l'esthétique et la recherche visuelle et narrative, et ce à partir simplement d'une connaissance encyclopédique de l'histoire de la BD.

Cela vous fera penser à certaines pages de Art Spiegelman, l'auteur du fameux Maus. Mais aussi, dans le champ français, au travail d'un Manu Larcenet chez Fluide Glacial.

Pour le reste, je manque personnellement de références, mais je suis en admiration coite devant un tel boulot.


Site de Drawn & Quarterly

22 mars 2006

Le concours en chocolat

Un article de Sjokolade Med Melk, honorable et fière 2000è visiteuse du Blog à Lire !!

Il paraît qu’en tant que grande gagnante du concours du 2OOOème visiteur du blogalire (« Veni, vedi, vici », disait l’autre… ), je DOIS écrire un petit billet pour faire verdir de jalousie les « MILLIONS d'internautes dépités d'avoir manqué la cagnotte »…



Je vais donc vous raconter tout ça…
Hier en rentrant de mes courses hebdomadaires, j’ai la surprise de voir que le facteur est passé et surtout, je découvre avec plaisir que ma petite boîte aux lettres contient autre chose que les habituelles factures de téléphone ou pubs pour agences immobilières et autres assurances ! Chouette ! Petit paquet jaune « Le poste Livre »… Connais pas l’écriture. Perplexe, je le retourne pour voir l’expéditeur. Youpiiiiii ! Le prix du fameux concours !! Qu’est ce que je peux bien mériter en tant que 2000ème visiteuse du BàL ? Das ist die Frage (= That is the question, pour les non-germanistes).
L’ultime épreuve avant d’ouvrir mon p’tit colis : monter les courses jusqu’au troisième étage. Mais l’impatience donne des ailes, croyez-en mon expérience !

Telle une gamine de 5 ans à Noël, je déchire le paquet (bon, j’exagère un peu… Le papier jaune est intact !) et je découvre ceci :



Chouette !! Un livre de cuisine !
La quatrième de couverture : « Il n’est pas toujours nécessaire de passer des heures derrière les fourneaux pour régaler ses amis ! Les gourmets pressés ont enfin leur bible. Cet ouvrage détaille près de 200 recettes qui vous procureront un maximum de plaisir pour un minimum de temps ».
C’est E-XA-CTE-MENT ce dont j’avais besoin ! Et l’expéditeur en sait quelque chose…
Je feuillette, je feuillette : des jolies illustrations à chaque page. Miam, ça donne faim !
« Ça tombe bien » me dis-je « il faut que je fasse un gâteau aujourd’hui ! ». Je cherche dans l’index : « gâteau de pain perdu… …gâteau à la vanille… … moelleux au chocolat… STOP ! C’est parfait ça !
« 100 grammes de Cassonade (M… ! C’est quoi ce truc ?! Vous remarquerez que j’en connais un rayon en matière culinaire :-/ !), 6 œufs (Zut, j’en ai pas !), etc, etc » (vous n’espérez quand même pas que je vais vous donner la recette en entier ! J’ai gagné un concours, môa, pour la mériter, cette recette !). Bon, ben, faut que je retourne faire des courses, de toute façon. Je trouverai bien de la Cassonade là-bas, même si je ne sais pas ce que c’est…

Et bien, NON, je n’ai pas trouvé. Un coup de fil s’impose. Imaginez le tableau : moi au téléphone déambulant dans les rayons de chez Champion, pour ne pas citer l’enseigne, « Maman ? Oui, euh, c’est moi. C’est quoi d’la Cassonade ?? ». Vous le saviez sûrement tous, la Cassonade, c’est tout simplement du sucre roux :-/ ! Et dire que je suis allée faire un tour du côté des épices… Bref.
Je rentre chez moi, je verse, je touille, je beurre, je reverse, je lèche le bol (rroooh, faites pas cette tête ! Comme si j’étais la seule !) et j’enfourne. Trente minutes plus tard, ça sent bon et DING, c’est prêt !!
Dégustation… Miam, ch’est bon  !

Bref, en tout cas, ça vaut le coup de gagner des concours sur le BàL ! Alors, de nouveau Merchi (moelleux au chocolat dans la bouche, désolée !) à Nicolas !
En espérant maintenant que les podiums des prochains concours du BàL ne ressemblent pas à ça :

21 mars 2006

(BD) As-Tu jamais pensé que Tu pouvais avoir tort ?

Les éditions Rivages Poches rempilent avec une compil. Cette fois, c'est la foi qui en est le thème, textes à l'appui.

Grandes interrogations mystiques en perspective ! En particulier, celles de Linus Van Pelt, dont on sait qu'il croit en la Grande Citrouille (the Big Pumpkin), qui la nuit d'Halloween s'élève au-dessus du carré de citrouilles le plus sincère, pour aller distribuer des cadeaux aux enfants méritants, avec sa hotte sur son dos... :)

C'est ça qui est bon avec les Peanuts : entrer dans le délire !


78 pages, éditions Rivages Poches - 4,75 €
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Du même auteur : Te voilà, Charlie Brown !, Les Amours des Peanuts, Snoopy & les Peanuts 1950/1952, Parfois, c'est dur d'être un chien !, Le Grand livre des questions et réponses de Charlie Brown et Envole-toi, Charlie Brown

18 mars 2006

Salon du Livre

Le Salon du Livre a ouvert ses portes au Parc Expo de la Porte de Versailles. C'est, durant quelques jours, la plus grande librairie de France, et rien que pour ça, ça vaut le coup d'y aller lorsqu'on n'habite pas trop loin...

Cette année, à la suite de pays divers et variés, c'est la Francophonie qui est à l'honneur. Chouette !

Pour l'affiche, on a manifestement souhaité quelque chose de cool et de tendance. Alors on a pris le concept d'une pub pour l'iPod, et on a remplacé les oreillettes du casque audio par des bouquins. Et pour incarner le goût de lire, on a mis Angelina Jolie, fraîchement sortie d'une séance d'U.V., lèvres refaites, sourcils épilés, ongles manucurés, habillée fashion comme si elle sortait en boîte avec ses bouquins sur les oreilles...

La prochaine fois, chers responsables du Salon, prévoyez un budget "comm.", plutôt que de faire faire l'affiche par votre C.P.E. de service...


Site web du Salon du Livre de Paris (très moche aussi, cela va de soi)

17 mars 2006

(BD) Le Combat ordinaire, tome 3

"Ce qui est précieux", pour Marco, est encore à déterminer.

Son père, qui vient de se suicider avec une épouvantable violence, avait pour sa part répondu à cette question depuis fort longtemps. C'est pourquoi il consignait de multiples « petites choses » dans un carnet. La mère de Marco lui lègue ces 200 pages apparemment sans profondeur et quelques photos.

Marco, alors que sa carrière de photographe prend un tournant prometteur, ne parvient pas à se passer des anti-dépresseurs qu'il consomme depuis trop longtemps. Il n'est d'aucune aide pour son frère, lui-même en pleine détresse. Il ne comprend pas le désir d'enfant d'Emilie. Il ne parvient pas à vivre en paix avec le souvenir de son père.

La guerre d'Algérie, l'apparent individualisme forcené d'un vieillard, l'angoisse incontrôlable... toutes choses qui hantent ce volume, en l'amenant à n'être pas qu'un album de jolies images bien agencées.

Le coup de crayon de Manu LARCENET me semble prendre encore un peu plus de maturité. La plupart des planches sont absolument superbes selon moi. En particulier les points de vue adoptés, et l'économie de mots dans les moments où les mots sont superflus, ou ne peuvent que répéter ce que dit déjà le dessin.


Du même auteur : La Légende de Robin des Bois, On fera avec et Soyons fous (tome 2), Les Cosmonautes du futur (avec Lewis TRONDHEIM)
64 pages, Dargaud - 13 €
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13 mars 2006

On the road again



Si vous avez un peu suivi ce blog en fin d'année 2005, vous avez sans doute assisté au goupillage de la faramineuse et perpétuelle Quinzaine "On the Road" ?

Hier, dimanche 12 mars, nous assistions non seulement à la fête de Juturne — à qui je rends ici un vibrant hommage, car elle a frôlé la 2000è visite, et l'incroyable cadeau !! —, mais également à l'anniversaire de Jack "Ti Jean" KEROUAC, né le 12 mars 1922 à Lowell, Massachussets, U.S.A.

Pour l'occasion, je reprends la Route, quatorze ans après... C'est le roman par lequel j'ai découvert Kerouac : j'avais 15 ans... j'en ai 29... Je ne garde que des souvenirs exaltés de cette lecture initiatique. Aurais-je dû à tout prix éviter de replonger, d'aller "vérifier quelque chose" ?...

Mes impressions en temps réel (ou presque) viendront nourrir ce billet... Si je m'en sens capable...

Premières remarques : Cette façon de commencer et de raconter l'histoire, dans les premières pages, ne m'étonne pas : peut-être parce que je les ai lues et relues plus d'une fois au fil des ans. Par contre, je réalise que je ne me souvenais pas de Dean Moriarty. Du nom, oui, bien-sûr, c'est difficile d'oublier le personnage central de Sur la route. Mais pas de certaines choses que le narrateur nous dit très vite à son sujet. Exemple frappant : le fait que Dean, à sa sortie de taule, emprunte un langage pseudo-intellectuel auquel personne — et surtout pas lui — ne comprend rien. Je ne me souvenais pas d'éléments comme celui-ci, qui diminuent le personnage solaire qu'est Dean... Comme quoi, c'est con, les souvenirs : Dean est beaucoup plus intéressant s'il n'est pas "que" idéalisé...

Chapitres suivants : Sal entreprend d'aller rejoindre Dean et Carlo à Denver, qui devient dès lors objet de tous les fantasmes. Mais, comme il le dira plus tard, c'est le trajet sur la route qui importe. En effet, une fois à Denver, il n'arrive pas à voir Dean plus de deux heures en une semaine. Car celui-ci est toujours en train de gérer ses combines et ses amours, selon le mythique "emploi du temps de Dean" que subit également Carlo.
Sal connaît donc, entre chez sa tante et Denver, une première expérience réelle de ce qu'est la Route. Et à ce titre, il n'est pas innocent qu'il rencontre toutes les peines du monde à commencer par quitter la ville pour rejoindre le bon crossroad, celui où s'arrêtera le car qui pourra l'amener plus loin. Quitter cette ville, trouver le bon coin, essuyer avec philosophie les intempéries... et voilà déjà notre héros qui fait du sur-place, si ce n'est carrément machine arrière. Kerouac, metteur en scène de son propre ridicule, tout comme il faisait passer Dean pour un décervelé dans les premières pages. Comme quoi, la lecture faite de Sur la route par les Beatniks est véritablement un contre-sens : "tous sur la route", "virile attitude", etc.
Après ce faux départ, qui rappelle les gesticulations de Mercier et Camier, de Molloy, d'Estragon, de Vladimir, de Murphy, Sal finit par opter pour les cars Greyhound, puis pour le stop. Sur la route, il croise toute une gallerie de personnages qui représentent à eux seuls le melting-pot de l'Amérique et de ses états, aux sensibilités si différentes les unes des autres. Il dira plus tard à Dean et Carlo qu'il a vécu dans ces quelques jours de quoi passer toute une vie à écrire. « (…) il se passe à chaque instant plus de choses que n’en pourrait contenir un gros livre, deux gros livres, le tien et le mien. C’est sans doute à cette exubérance que l’on doit la bienfaisante sensation qu’il n’y a rien, rien à faire, rien à dire. » (Samuel Beckett, Mercier et Camier, 1946/1970).
Par essence, le voyage est une perte d'identité ET une quête d'identité, particulièrement dans le cas où l'identité est liée à une terre, à des possessions. C'est une fuite de soi vers soi, des autres trop connus vers l'Autre Inconnu. « Nous obtenons à peu près tout, sauf ce que nous souhaitons en secret. Sans doute est-il juste que ce à quoi nous tenons le plus soit inatteignable, que l’essentiel de nous-mêmes et de notre parcours demeure caché et irréalisé. La Providence a bien fait les choses : que chacun tire profit et orgueil du prestige lié aux débâcles intimes. » « Dès que j’oublie que j’ai un corps, je crois à la liberté. » (op. cit.)
Chez Kerouac comme chez Beckett, ces deux écrivains de langue anglo-saxonne mêlée de culture et de langue française, il y a vision de l'homme à travers ses déambulations, fussent-elles (et elles le sont souvent) des échecs : « Chaque fois que je vois un clochard ivre, sale, halluciné, puant, affalé avec sa bouteille sur le bord du trottoir, je songe à l’homme de demain s’essayant à sa fin et y parvenant. » (op. cit.)

A suivre...

Aller à la Quinzaine "On the Road"
Du même auteur : Tristessa, Come rain or come shine (Audio)

12 mars 2006

2 000è sinon rien !



Allez zou !

Je suis content que le compteur de visites ait un peu repris du poil de la bête depuis que j'ai optimisé le thème de cette page. Pour fêter ça, je promets un petit cadeau à celui qui franchira le seuil du Blog à Lire au numéro 2 000...

Bonne chance à tous !
:)

Ajout du 12 mars 2006 : Eh bien ça y est ! La 2000è visiteuse est Sjokolade Med Melk, elle remporte donc le joli cadeau, qu'elle recevra par La Poste. On espère qu'elle viendra nous en parler par ici !

Vous avez joué mais vous avez perdu ? Consolez-vous : j'ai décidé de remettre ça tous les 500 visiteurs !

Rendez-vous donc au 2500è pour un deuxième gagnant et un deuxième cadeau !
:)

(BD) Envole-toi, Charlie Brown

Charlie Brown, Snoopy et toute la bande des Peanuts se réunissent une nouvelle fois dans ce volume de strips dessinés par Charles M. SCHULZ entre 1959 et 1960.

Outre les contre-exploits de ce bon vieux Charlie Brown aux commandes de son capricieux cerf-volant, vous pourrez y fêter l'arrivée de Sally, petite soeur de Charlie. Le jour où elle arrive, Snoopy observe depuis le toit de sa niche (où il est traditionnellement perché) un défilé de voitures, une ribambelle familiale qui défile devant la maison... Nous-mêmes, lecteurs, ne voyons rien de tout ça, puisque Schulz se refusait à représenter des adultes dans ses strips des Peanuts. Snoopy, confronté à cette agitation, déplore qu'on ait oublié quelque chose d'essentiel : nourrir le chien !

C'est aussi dans ces quelques pages que vous verrez Linus sombrer dans l'adoration solitaire de la Grande Citrouille, dont la postérité est sans égale. Sa grande soeur Lucy met de l'eau dans son vin : sous le prétexte de se préparer à une carrière de grande publicitaire, elle prête main forte à Schroeder pour fêter dignement l'anniversaire de Beethoven, le 16 décembre, en chantant à tue-tête : "Happy birthday to you, happy birthday to you, happy birthday dear Karl, ..." Schroeder est dépité, on peut l'imaginer...


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Du même auteur : Te voilà, Charlie Brown !, Les Amours des Peanuts, Snoopy & les Peanuts 1950/1952, Parfois, c'est dur d'être un chien !, Le Grand livre des questions et réponses de Charlie Brown et As-Tu jamais pensé que Tu pouvais avoir tort ?
124 pages, éditions Rivages poche / Petite Bibliothèque - 5,50 €

10 mars 2006

Monsieur Jean

DUPUY et BERBERIAN ont créé deux personnages récurrents : Monsieur Jean et Henriette. Le plus drôle, c'est qu'il vivent dans le même immeuble (si j'ai bien suivi). Mais ils ne se côtoient pas : Jean est (au départ, en tout cas) un trentenaire célibataire, écrivain à tendance dépressive, Henriette est la petite fille de la concierge de l'immeuble (enfin il me semble).

J'avais déjà lu, parmi les (més-)aventures de Jean, l'album intitulé Vivons heureux sans en avoir l'air. Une petite visite à la bibliothèque de mon quartier, pour laquelle Monsieur Jean est manifestement un incontournable, et me voilà de retour à la maison avec 4 autres tomes : Les Nuits les plus blanches, Les Femmes et les enfants d'abord, Comme s'il en pleuvait et Un certain équilibre.

Le premier des quatre date de 1992. Monsieur Jean va sur ses trente ans, et nous fait une crise d'insomnie prononcée. Les conseils de ses deux meilleurs amis ne sont pas forcément les meilleurs à écouter, car ils finissent par provoquer des catastrophes en chaîne. L'atmosphère est attachante, et on accompagne Monsieur Jean à Lisbonne, sur les traces de Pessoa (sans avoir chercher à l'être), puis chez lui entouré de sa collection de vinyls de Billie Holiday... ça fleure bon la culture Woody Allen...

Le dernier tome, dommage, est un recueil de très courtes séquences, où aucune histoire ne prend le temps d'exister.

Le plus prenant des quatre, de loin, est selon moi Les Femmes et les enfants d'abord, où l'histoire est à la fois prenante, drôle et très émouvante, grâce entre autres à des décalages temporels et autres petites trouvailles.

Le plus intéressant sur le plan visuel est de très loin Comme s'il en pleuvait, où l'on trouve de véritables effets de cinéma, tels des décors qui s'estompent derrière un personnage, pour le projeter d'un endroit à un autre, d'une époque vécue à une scène fantasmée. C'est subtil et ça reste léger. Le dosage parfait, peut-être...

En bref, Monsieur Jean, c'est le type que je suis, c'est le type que nous sommes. C'est la banale moyenne entre un Woody Allen et un Jérémie. Et parfois la moyenne a du bon.


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Env. 52 pages par tome, coll°. Les Humanoïdes associés - 9,30 € chaque tome

06 mars 2006

Mouvement social



Demain, dans une ville près de chez vous, des centaines de personnes vont descendre dans les rues pour protester contre le Contrat Première Embauche.

Descendez, vous aussi, n'allez pas travailler : les lycéens, les étudiants, les collégiens vous regardent et comptent sur vous.

05 mars 2006

Quinzaine « J'suis snob »

Pour fêter les vacances de février, voici la 5è quinzaine littéraire organisée sur le Blog à Lire. Le thème est le suivant : « J'suis snob ».

En conséquence de quoi, ne me donnez pas de conseils de lecture, ne faites AUCUN commentaire sur ce que je dirai... comme d'habitude, oui... mais cette fois-ci c'est MOI-MÊME qui vous le demande !!

Veillez à lire attentivement mes prochains billets, car ils seront bien-sûr d'un excellent niveau intellectuel. Mon but est tout simplement de vous instruire, puisque vous ne comprenez rien à la littérature. C'est ma part d'humanisme, en quelque sorte...

D'ailleurs, c'est vous accorder trop d'importance que de vous expliquer tout cela, car vous ne le méritez pas. Maintenant cassez-vous, regardez ailleurs. Bandes d'incultes.


B.O. de la Quinzaine « J'suis snob » : Vian !
Premier précepte snob : Les Tsars à Saint-Petersbourg, c'est nul... Moi, je préfère le Communisme en Sibérie
Deuxième précepte snob : S'économiser à ne rien faire, quel ennui : mieux vaut avoir un job, et se faire faire offrir un congé maladie
Troisième précepte snob : Choisir entre être un Judéo-Chrétien crétin où un Musulman endoctriné, c'est con ! Moi, j'suis snob et bouddhiste !
Quatrième précepte snob : Plutôt que de vivre en bobo, je voudrais avoir été hobo
Cinquième précepte snob : Les sur-boums, c'est trop naze, alors moi, je rédige un nothon sur les surprise-parties.

Tristessa

Tristessa est le titre d'une nouvelle longue de Jack KEROUAC.

Apparemment écrit à partir de la même expérience, de la même tranche de vie que pour Les Souterrains, ce récit se déroule dans un Mexico décadent. Les commerces interlopes aux vitrines remplies de Christs s'alignent dans la rue centrale de villes décevantes, où errent des putes et des toxicos.

Jack Duluoz, le double fictif de Kerouac, partage le toit de trois paumés mexicains : Cruz, El Indio et Tristessa. Il est fasciné par cette dernière, et il en tombe amoureux. Tristessa est une de ces prostituées bigotes dont le Mexique semble regorger. Elle est jeune, et fine et sensuelle. L'esprit de Jack est déjà incommensurablement vieux.

Alors, Tristessa c'est l'histoire d'une occasion manquée de laisser naître un amour réciproque au milieu de la boue. Vaine tentative de sublimation, à laquelle l'écriture fait écho. Lorsque Jack part du Mexique, puis revient un an plus tard, la Tristessa qu'il a connue n'existe plus : elle a été ravagée par la drogue. Jack assiste, impuissant et coupable, à sa déchéance.

Tristessa s'appelait dans la vie réelle Esperanza... Kerouac, dans une furieuse démonstration de la "prose spontanée" dont il est l'inventeur, lui adresse un hommage post-mortem charnel et désenchanté.

« La nuit d'avant, j'ai lutté avec elle paisiblement, dans la pluie et dans le noir, nous étions assis dans un bar ouvert la nuit, on mangeait du pain et de la soupe, on buvait du punch Delaware, et j'en suis reparti avec la vision de Tristessa dans mon lit, dans mes bras, ma belle Indienne, mon Aztèque, avec ses joues d'amoureuse si étranges, ses paupières à la Billie Holiday, sa merveilleuse voix mélancolique à la Luise Rainer, cette actrice de Vienne au visage si triste qui faisait pleurer les Ukrainiens aux alentours de 1910.
La peau de ses pommettes magnifiques a la forme douce d'une poire, ses paupières sont longues et tristes, elle a l'expression résignée de la Vierge Marie, un teint de café et de pêche, des yeux insondables, dédaigneux, athées, pleins de silence et de douleur. (...) dans le taxi qui m'emporte à travers Mexico, j'ai les cheveux dans tous les sens, je suis fou, et nous passons devant le Ciné-Mexico dans un flot de voitures et d'eau et je n'arrête pas de boire tandis que Tristessa interminablement répète que la veille, quand je l'ai mise dans un taxi, le chauffeur a essayé de se la faire et qu'elle lui a donné un coup de poing (...) »


Tout cela a pour moi des relents beaux et angoissants de Verlaine (« Elle a/ L'inflexion des voix chères qui se sont tues. »), d'Orson Welles (La Soif du mal, sur la frontière mexicaine) et de Charlie Mingus (Tijuana Moods).


Du même auteur : Sur la route
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B.O. de la Quinzaine « J'suis snob » : Vian !