05 août 2008

L'Appareil-photo

Je suis en train de lire L'Appareil-photo de Jean-Philippe TOUSSAINT. Je n'ai jamais promis de ne pas faire de billet sur un livre que je n'aurais pas encore fini de lire. Je n'ai pas fini de le lire mais voici ce que je peux déjà en dire.

L'Appareil-photo est à un appareil photo ce que L'Automne à Pékin est à l'automne. Ou à Pékin. En d'autres termes, il n'en est pas question ici. Le narrateur est un protoplasme qui dit je, un prolégomène prolétarien, un énergumène qui ne mène à rien, une entité non pas vide, mais vacante. Comprenez : déserté. Il pourrait être issu de la rencontre fortuite entre Amadis Dudu et Ignatius Reilly. Excusez du peu.

Il est question de leçons de conduite, de trafic de barbarque et de trac, de troc et de tactiques en toc, de terrains vagues et d'idées louches, de zones dépeuplées et de corps sans âmes. Bref ça ne parle de rien cette histoire, mais il faut que ça en parle bien.

Dans une interview consentie par l'auteur à la fin de l'ouvrage, il s'agit d'inventer un nouveau terme pour ce nouveau "nouveau roman". Décidément, Minuit a ses démons. Quoi qu'il en soit, c'est le terme infinitésimaliste qui est retenu par l'auteur. Bizarre, j'aurais plutôt parlé d'ampoulisme au contraire.

Ou comment parler de rien en faisant de grandes phrases. A la limite, c'est un crime de déployer un style aussi fourni autour de si peu de choses. C'est comme courir un marathon pour se dégourdir les jambes, juste par facilité. Ça manque de classe.

Toussaint est une sorte d'athlète littéraire au mieux de sa forme. Il faudrait juste lui dire de quitter le simulateur, maintenant.


127 pages (dont 55 ont été survolées), coll. "double" - 5,50 €