02 juillet 2006

Vercoquin et le plancton

Premier roman de Boris VIAN (1920-1959), Vercoquin et le plancton se propose de dépeindre dans un style totalement zazou l'atmosphère des surprise-parties de l'époque. Celles-ci sont bien-sûr le fait de la jeunesse - zazous z'et zazoutes - et sont hantées par les angoisses de l'occupation, du manque, de la mort. Mais cette angoisse s'exprime sous forme d'hystérie à vivre le moment présent, à profiter du pick-up ou de l'orchestre de Claude Abadie, à siffler toutes sortes de boissons, à baiser jusqu'à épuisement des possibilités combinatoires...

Seulement voilà, deux problèmes à la lecture :
1°) C'est le premier roman d'un grand écrivain. Il a les mêmes défauts que Murphy de Samuel Becket, publié en 1938 : il est trop intelligent. Ou plutôt, il est obnubilé par l'envie de paraître intelligent, et ne garde rien sous le pied. Malgré une langue vraiment maîtrisée, ce qui est déjà épatant à 25 ans, l'écriture est globalement pénible à lire, car ampoulée, remplie d'effets, de private jokes...
2°) Vercoquin et le plancton ne parle pas QUE des surprise-parties, mais fait aussi et surtout le portrait de l'administration à la française. Et c'est long, très long... Comme s'il y avait confusion entre le sujet et la manière dont il est traité. Le Major, personnage central de cette histoire, devient à 21 ans le pourfendeur de la bêtise du système. Cela fera penser à La Conjuration des imbéciles avant l'heure, mais en moins bon.

Pour conclure, Vercoquin et le plancton est hilarant dans les 50 premières pages, sans aucun doute. Il possède même des qualités certaines en tant que document ethnologique sur l'après-guerre à Paris. Mais après cette phase de découverte, la multiplication inépuisable des effets d'écriture finit par lasser. Dommage.


189 pages, aujourd'hui publié dans la coll. L'Imaginaire Gallimard - 7,00 €
Pour aller plus loin : http://www.borisvian.fr
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