18 août 2005

Charlie et la Chocolaterie

Charlie Bucket, Willy Wonka et la fameuse chocolaterie font leur entrée ici-même, alors que tout le monde ne parle que du dernier film de Tim BURTON, adapté justement de ce classique de la littérature enfantine, signé Roald DAHL.

L'histoire, tout le monde la connaît : dans un univers hérité de Dickens (pour qui Dahl avait une passion), un jeune et très pauvre garçon nommé Charlie Bucket compte les longs hivers où lui, ses parents et ses quatre grands-parents, tous vivant sous un même toit, meurent de faim. Seul le père de Charlie, Mr Bucket, ramène à la maison quelques sous pour nourrir toute famille. Un hiver, Mr Bucket perd son emploi, et n'a plus qu'à prendre une pelle pour dégager la neige sur les trottoirs du quartier, afin de ramasser l'obole. Dans cette même ville se trouve la chocolaterie de Mr Willy Wonka, chef d'entreprise loufoque et inventeur génial de sucreries improbables. Un beau jour, Willy Wonka sort de son mutisme et propose à cinq gamins de trouver cinq tickets d'or cachés dans l'emballage de ses barres chocolatées...

Charlie et la chocolaterie est le titre le plus vendu de Roald Dahl, paraît-il. Et pourtant, l'on peut s'étonner de la médiocrité de son écriture dans ce conte, auquel on ne trouvera que difficilement une portée allégorique claire. Dès les premiers mots, une chose saute aux yeux : le livre est destiné aux seuls enfants, et ne réservera, de fait, aucune surprise particulière à un lecteur adulte. On dit que l'adaptation de Tim Burton est du même ordre ; nous ne sommes pas allés vérifier.

Il faut signaler un très bon dossier sur Roald Dahl dans le dernier numéro du magazine "Topo". Le journaliste qui évoque Charlie ne porte pas non plus ce livre dans son coeur, lorsqu'il le compare à d'autres livres du même auteur, plus drôles, plus osés, moins convenables, plus cinglants, mieux écrits. Ledit journaliste va jusqu'à évoquer le penchant raciste de l'univers de Willy Wonka... ça se discute. Il est évident que le message de Charlie contient une morale chrétienne bien-pensante qui fleure bon le bénitier : condamnation de l'obésité, du matérialisme, du chewing-gum, de la télévision, apologie de la pauvreté et d'une existence de martyr... est-il vraiment nécessaire d'y regarder à deux fois ?

Pour terminer, on pourra trouver gênant que le monde de l'Ecole ne représente pas, dans l'existence de Charlie, une occasion d'effacer les différences sociales : au contraire, on y voit Charlie mourir de faim en salle de classe pendant que ses camarades s'amusent dans la cour de récré. Et lorsqu'il y a des nouvelles importantes à lire à la maison, dans le journal ou sur le ticket d'or, Charlie demande à son père de les lui lire... Tout se passe comme si Roald Dahl, auteur de livres destinés aux jeunes lecteurs, ne concevait pas que son héros sache lire. C'est quand même préoccupant !

Nous essayerons de proposer d'autres lectures de Roald DAHL, afin de montrer qu'on a parfaitement le droit de ne pas céder à l'enthousiasme (j'allais dire l'euphorie) collective. Les goûts (de bonbons) et les couleurs (acidulées) ne se discutent pas, après tout !

154 pages, coll. Folio Junior - 5,40 €

Un autre point de vue sur ce livre, par ICI

Retour chez Roald DAHL
Roald DAHL, La Potion magique de Georges Bouillon
Roald DAHL, Le Bon Gros Géant
Roald DAHL, Matilda
Roald DAHL, Sacrées Sorcières
Roald DAHL, Les Deux gredins
Roald DAHL, L'Enorme crocodile
Roald DAHL, James et la grosse pêche

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis en Master 2 de Lettres j'ai fait un mémoire sur Charlie et la chocolaterie, livre très riche en métaphores, dénonçant les injustices de la vie. Et oui, arrêtons de penser que la littérature de jeunesse doit montrer aux enfants un monde tout rose où la pauvreté n'existe pas! Willy Wonka est en effet un personnage raciste, Dahl nous dénonce cette injustice à travers ce personnage est bien d'autre détail! Avec un peu de jugeote nous avons beaucoup à dire sur livre fantastique, car oui effectivement c'est un livre fantastique!

Anonyme a dit…

Chère Marie, je me suis permis de tronquer votre message, dont le début était insultant. Eh oui : vous me jugez stupide, mais je ne le suis pas au point de laisser n'importe qui dire n'importe quoi sur mon blog.

Merci pour vos remarques sur l'oeuvre de Dahl, qui m'intéressent et me semblent très pertinentes.

Il est intéressant que vous vous présentiez comme une personne bardée de diplômes, et donc compétente pour parler de livres. Ce blog s'adresse au lecteur lambda, pas au docteur ès lettres, mais qu'importe.

Vous m'accusez de prétention...

Sachez pour votre gouverne que j'ai les mêmes diplômes que vous, justement, et que jusqu'à ce que vous veniez vider votre estomac sur mon blog, je n'avais jamais eu à en parler...

Les billets que j'écris sont seuls gages du sérieux avec lequel j'envisage la littérature. Je ne fais pas comme vous de grands mouvements de bras pour qu'on me remarque. Mais si depuis presque un an et demi vous tenez un blog sur les bouquins que vous lisez, j'aimerais beaucoup le lire, pour avoir la preuve tangible que vous y comprenez plus de choses que moi...

Au fond, tout ça n'est jamais que mon point de vue contre le vôtre. Le mien est étayé, cite d'autres sources, et je regrette de ne pas avoir trouvé dans Charlie et la chocolaterie la grande oeuvre annoncée.

A partir de là, pourquoi s'énerver, si ce n'est pour régler d'autres comptes ?