Vargas, une introduction...
Ces trois polars n'ont strictement rien à voir avec les années 50 : Fred Vargas est, je crois, tout à fait contemporaine, et ses romans sont ancrés en pleine fin de XXe siècle. Bon. Vous voilà prévenus.
Faire un résumé des intrigues ne me paraît pas très pertinent. A vrai dire, une fois qu'on s'est lancé dans la première page, on est assez facilement happé. Il suffit donc de s'assoir confortablement dans un transat entre ombre et soleil, et de se laisser plonger dans l'histoire.
Les ambiances de Fred Vargas n'ont pas le côté sombre, parfois démoralisant d'Izzo ou de Daeninckx. C'est plus léger, beaucoup plus (pas de cauchemar à craindre, pas de chute de moral, pas de questionnements existentiels sur notre société après des lectures comme celles-là) : quand on touche à un personnage vraiment dégueulasse, il y en a toujours deux ou trois pour vous faire marrer : voici une galerie de portraits résumés, avec les titres de référence :
- le commissaire Adamsberg est un homme surprenant : toujours mou, il excelle dans la lenteur et la rêverie. Mais il est diablement efficace pour "sentir" le vice et le crime. En plein milieu d'une enquête, il peut lui arriver d'aller manger, à pied, à n'importe quelle heure de la journée (C'est une habitude qui me plait assez, j'avoue...). Il passe son temps à griffonner sur des bouts de papiers. Son visage est tellement disharmonieux qu'il finit par être beau (allez comprendre... ce type-là ne risque pas de faire l'objet d'une série TV). On le retrouve dans plusieurs romans, et particulièrement dans L'Homme aux cercles.
- Camille, ancien amour d'Adamsberg qui le hante régulièrement, a la particularité d'être musicienne et compositrice (dans L'Homme à l'envers, elle est chargée de composer la BO d'un feuilleton sentimental digne de "Santa Barbara". Pour trouver l'inspiration devant tant de niaiserie, elle préfère imaginer les histoires d'amour tumultueuses de campagnoles dans un champ de pommes de terre : ça lui parle plus... ). Mais quand l'heure n'est pas à la musique ou qu'elle n'a pas de boulot, elle troque son piano contre une boîte à outils et devient plombière. D'ailleurs, pour se calmer, elle aime feuilleter le Catalogue de l'outillage professionnel ("Meuleuses 125 mm 850 W poignée bilatérale Arrêt automatique en cas d'usure des balais").
Elle se retrouve à conduire un ancien camion à bétail dans les lacets du Mercantour, en compagnie du "Veilleux", vieux gardien de mouton superstiueux peu causant qui règle les rations de vin blanc et Soliman, seul habitant noir du village qui invente des histoires africaines pour évoquer toutes les situations ou bien vous sort la définition des grands mots de la lagnue française : "amour", "obstination", ...
- Dans Un peu plus loin sur la droite, c'est Louis (ou Ludwig) Kehhweiler qui mène l'enquête. Ancien employé obscur de certains ministères, il passe sa vie à essayer de pêcher du gros poisson : fraude, amours à scandale, passé gênant des grands hommes de pouvoirs... Mais il vient d'être viré. Alors il agit à son compte. Or, il a trouvé un bout d'os humain sur la grille d'un parc à Paris. Un os de phalange de doigt de pied, rongé par l'acidité après un passage dans les intestins d'un chien. Et ça le perturbe au point d'aller dans un bled perdu du Finistère, pour tenter de savoir à quel corps appartient ce bout d'os.
Louis (ou Ludwig) est mystérieux : il s'invente des ancêtres dès qu'il doit destabiliser son interlocuteur : l'aviateur Blériot, Tayllerand, l'inventeur des tire-bouchons... On sait juste qu'il vient du Cher, qu'on l'appelle "l'Allemand" depuis cinquante ans, et que l'un de ses nombreux ancêtres est le Rhin.
Et puis il parle à Buffo, lentement et simplement, au cours de longs monologues, pour essayer de le rendre moins con ; mais ce dernier reste semble-t-il assez hermétique à ses efforts.
Fred VARGAS, L'Homme aux cercles bleus, 219 pages, coll. J'Ai Lu - 5,30 €
L'Homme à l'envers, 317 pages, coll. J'Ai Lu - 5,80 €
Un peu plus loin sur la droite, 253 pages, coll. J'Ai Lu - 5,80 €
Un billet signé Pelouse
Fred VARGAS, Debout les mort
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