18 novembre 2007

(BD) Ghost world

Attention ! Attention ! Cette B.D., au contraire de la précédente, m'a semblé à la fois très contemporaine ET très juste. Ghost world est une œuvre de l'Américain Daniel CLOWES, publiée pour la première fois en un volume en 1997 chez Fantagraphics Books, ces types qui sont sur un créneau proche de celui de Drawn & Quarterly... mais en mieux.

Ghost world a donné lieu à un film présenté en compétition au 27e Festival du cinéma américain de Deauville. Ghost world (le film) en est reparti avec le Prix du jury et celui d'interprétation décerné à Thora Birch. Le scénario a été écrit pour moitié par D. Clowes, et pour moitié par le réalisateur, Terry Zwigoff, qui avait déjà réalisé auparavant un documentaire passionné sur Robert Crumb, l'un des pères géniaux de la B.D. américaine contemporaine. Dans le film, Enid est donc jouée par Thora Birch et Rebecca par une jeune actrice du cinéma indépendant américain : une certaine Scarlett Johansson. Le film date de 2001.

Il faut bien dire que dès les premières pages, Enid et Rebecca inspirent pas mal de sympathie : ce sont deux filles qui sortent du lycée, qui font preuve de pas mal de recul vis-à-vis de leurs congénères et d'une franche ironie face aux adultes. Elles ne se commettent pas, apparemment, dans une société qui leur impose un look, une pensée, une culture uniforme et blafarde. Elles ne suivent aucun des derniers régimes prônés en couverture des magazines féminins, leur unique ami masculin est un gars effacé, elles ressassent leurs souvenirs d'enfance communs.

Mais petit à petit, au fil des pages, leur bavardage incessant, sans crier gare, devient de plus en plus sentencieux : elles ont finalement un avis sur tout et tout le monde, s'attardent souvent aux apparences et se vantent de savoir distinguer le bon goût du mauvais. Enid, en particulier, se montre très corrosive à l'égard de son entourage... mais n'avoue pas à Rebecca qu'elle est en train de préparer un examen d'entrée dans une grande université, loin du patelin. Quand son amie apprend la nouvelle, elle se sent plutôt trahie, forcément.

Le style de Daniel Clowes est quelque part entre Seth et le Tronchet de Raymond Calbuth. Le trait est en noir sur fond blanc, mais toutes les ombres sont dans un ton verdâtre proche du glauque (même si la couverture est bleue). La population locale, vue à travers les yeux des deux ados, hérite de traits caricaturés, grossis façon Robert Crumb.

Dans le film, le tempérament de Enid est beaucoup plus "artiste". On la voit dessiner, et ses dessins sont justement réalisés par la fille de Crumb, qui avait alors le même âge que le personnage. Dans cette édition française, un petit dossier de 16 pages donne tout un tas de précisions sur les conditions dans lesquelles la B.D. culte est devenue... un film primé !

Je vous ai dit que j'ai adoré, ou bien vous avez compris sans que je le dise ?


96 pages, coll. Vertige Graphic - 15 €

8 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est encore moi qui y va de mon petit commentaire...

Malheureusement, je n'ai pas pu lire encore cette BD (donc pourquoi est-ce j'interviens encore...), mais j'ai adoré le film qui en a été tiré avec notamment, celui que tu ne cites pas, l'excellent Steeve Buscemi !

Nicolas a dit…

On fait la paire, dans ce cas, puisque moi je n'ai pas vu le film, mais j'aimerais bien.

Steeve Busceni, je vois à peu près qui c'est, ouais. Il jouait dans Fargo des frères Cohen, non ?

Je te conseille cette BD en tout cas !

PS : niveau commentaires, lâche-toi sans complexe, y a pas de mal !
;)

Anonyme a dit…

Tout à fait, c'est le p'tit gars de Fargo.

C'est également le réalisateur de Animal Factory, un autre excellent film...

Quand à Thora Birch, dommage qu'elle n'a pas encore eu la carrière de Scarlett Johansson, parce qu'au vue de ce film, elle le mériterait...

Nicolas a dit…

Bon eh ben je viens de trouver le film en DVD : je vais me regarder ça bien vite !
:)

Nicolas a dit…

Ça me fait marrer, ce prénom, Enid, parce que c'est plutôt rare, je crois... or c'est aussi le prénom de Enid Blyton, créatrice de Oui-Oui... et ma fille est fan de Oui-Oui en ce moment... alors je connais deux Enid tout à coup !

Anonyme a dit…

C'est sans doute parce que je l'ai vu avant de lire la BD, mais j'ai largement préféré le film au livre... . Dans la BD, certains visages, mêmes ceux des personnages principaux, manquent parfois de finesse. Alors que dan sle film, les personnages me semblent mieux cernés. Les actrices, et particulièrement Thora Birch sont épatantes. Le scénario, beaucoup plus resserré, est plus efficace que dan sle livre.
Mais ça n'est que mon avis, et je ne raffole pas de la BD en général...

Anonyme a dit…

... à part SOS Bonheur de Van Hamme et Griffo, les Peter Pan de Loisel, les BD de Capu, les Brétécher, les Quino, , le Photographe de Guibert et Cie, et quelques autres que j'oublie ...
: )
AH

Nicolas a dit…

Tout est dans la précision... :p