19 novembre 2007

(BD) Erminio le Milanais

Ça y est : j'ai enfin lu hier soir Erminio le Milanais dessiné par Erwann SURCOUF.

Eh oui, je suis lecteur depuis longtemps de Double Plus Bon, fanatique de l'homme à la tête noire, et je me suis fait offrir Erminio, ce joli grand tome en noir et blanc sur papier glacé, il y a longtemps, longtemps !

La musique du trailer ci-dessous n'ajoute rien à l'affaire, mais elle n'est pas étrangère pour autant à l'ambiance de cette B.D. Une cloche de village résonne au loin... les routes de campagne sont sinueuses, poussiéreuses... le climat est chaud, aride... les gens sont rudes et superstitieux, ils n'aiment pas la nouveauté.

L'HISTOIRE. Ça se passe dans les années 50, en Sicile. Un jeune instituteur arrive de Milan pour prendre en charge la classe des garçons du village. A peine arrivé, le voilà confronté au Maire, personnage lugubre, violent, étroit d'esprit et despotique, qui lui promet de repartir bien vite. Mais Erminio fait intervenir le recteur en personne, un ancien camarade de fac. Alors voilà son début de carrière placé sous la protection politique du gouvernement.
C'est la jeune sœur du Maire, la belle Anita, qui enseigne dans la classe des filles. Or Anita, mariée trop tôt à un bon gars du village, ne rêvait que de l'arrivée d'un beau jeune homme comme Erminio, instruit, curieux, espiègle comme elle l'est.
Leur relation reste longtemps secrète aux yeux des adultes, mais pas à ceux de tous les enfants.
C'est le fils du Maire qui raconte l'histoire de Erminio, à notre époque, dans une lettre écrite à un autre ancien élève de Erminio.

Le dessin de Erwann Surcouf est extrêmement beau et colle absolument à l'atmosphère posée ici, à l'époque de l'action, au climat de tension psychologique. C'est un trait épais mais précis, chaque case ayant l'air d'une palette, le blanc est tellement dense qu'on le croirait cassé, le noir bien plus profond que ne le donne à penser l'image ci-contre.

L'histoire d'amour entre Erminio et Anita compte parmi les plus belles pages du volume. Les convictions politiques, sociales et avant tout pédagogiques de Erminio en font, dans les yeux du prof que je suis, un personnage des plus attachants, c'est certain. Les thèmes abordés sont très bien mêlés : la superstition, les traditions, la religion bigote et ses processions absurdes, la petite politique et le pouvoir despotique, le handicap, la vieillesse, l'amour impossible... Tant de choses en aussi peu de pages, et pourtant l'univers d'Erminio est tellement bien rendu ! En deux pages on se croit en Sicile dans ces années-là !

Je regrette simplement que la fin de l'histoire soit un peu bâclée : A. LAPRUN et J. BEHE, les scénaristes, veulent en dire trop, et ne savent pas mettre un terme à leur histoire au moment opportun. Peut-être, comme nous, n'avaient-ils plus envie de lâcher leurs personnages ?


136 grandes pages, éd. Vents d'Ouest - 17,99 €


Cette vidéo est issue du Blog d'Erwann Surcouf

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