Pour une naissance sans violence
Une lecture très particulière et très datée que celle de ce livre de Frederick LEBOYER paru en 1974. On ne saura rien, d'ailleurs, des titres qui autorisent l'auteur à écrire ce livre... Ce qui ne laisse pas de doute, c'est qu'on est en plein dans les années 70, que le discours et les pratiques autour de la naissance évoluent énormément, en bien, mais aussi que tout cela se teinte de la découverte des philosophies de l'Est, telles l'Hindouisme, le Bouddhisme et autres.
Aussi, l'écriture manque-t-elle gravement de contraste, tant tout y est noir OU blanc. Même si le propos n'a plus aujourd'hui grand chose d'actuel, on ne peut y adhérer, en particulier dans les deux premières parties, qui s'acharnent à décrire la naissance comme un martyre vécu par l'enfant. On voit l'auteur arriver avec ses gros sabots à trois kilomètres, et pourtant il va nous assommer pendant 49 pages...
EXTRAIT. « Courber le dos ne suffit plus. L'enfant broyé, anéanti, se tasse, au-delà de ce qui était possible. Tête rentrée, épaules serrées, il n'est plus qu'un bloc de terreur. La prison devient folle et semble vouloir la fin du prisonnier. Les murs se serrent encore. Le cachot se fait tunnel, le tunnel entonnoir ! Le coeur battant à rompre, l'enfant s'enfonce dans cet enfer. Sa peur ne connaît plus de limites. Quand soudain elle se change en fureur. Ivre de rage, il se rue contre le mur. Il faut qu'il passe ! Il faut qu'il perce ! Il n'est plus que terreur, il n'est plus que haine. Ce mur ! Ce mur ! Il faut qu'il sorte ! Il faut qu'il tue si nécessaire... Cette force, ce monstre aveugle qui le broie, qui le pousse au dehors, ce mur aveugle, obtus, qui le retient, qui l'empêche de passer, ce ne sont qu'une seule et même chose : c'est la mère ! Toujours elle !
Elle le chasse. En même temps qu'elle le garde, qu'elle l'empêche de passer ! Elle est folle ! C'est elle qu'il faut tuer. Puisque c'est elle qui se dresse entre l'enfant et la vie. Dans cette lutte à mort, ce combat sans merci c'est l'un ou l'autre. La mère ou le bébé... »
Vous le concèderez sans doute : on n'a que rarement lu de tels ramassis de bêtise. Le meilleur, c'est que l'auteur, faisant oeuvre littéraire en quelque sorte, oeuvre poétique (il faut voir la mise en page : cela sent le mimétisme avec la poésie hallucinée d'un Michaux), l'auteur donc en oublie de préciser que c'est un point de vue sur les choses. Et qu'il y a en a d'autres, qui considèrent la naissance d'un regard serein, accompli, protecteur...
C'est pourtant ce à quoi veut également arriver Frederick Leboyer dès le départ : à la sérénité illustrée par le choix et l'ordonnancement des photos. Tant et si bien qu'au prix d'un grand écart fabuleux, l'auteur rejoint donc les photos que son texte est venu illustrer (et non l'inverse, on le sent bien) et termine son homélie, comme souvent, par de sempiternels points de suspension... ... ... En d'autres termes, "les gens subtils auront compris", "to the happy few" en quelque sorte... ... ...
159 pages, coll. Points Seuil, actuellement épuisé et non réédité
3 commentaires:
Je ne suis pas du tout d'accord avec cet article. Moi je dirais qu'on ne peut qu'adhérer au discours de Leboyer et je sais de quoi je parle puisque je 'lai expérimenté lors de la naissance de ma fille en 2007. Grâce aux infos de ce livre, nous avions baissé la lumière, nous avions mis une musique douce, nous avions par chance une sage femme très douce, calme et adepte des naissances sans violence. Notre fille est arrivée doucement (27 h) à la vie, sans crier, sans souffrir, elle est restée longtemps sur moi, en peau à peau. Un grand merci à ce livre !
Tant mieux si la naissance de votre enfant s'est passée calmement. Ceci dit ce livre n'y est pour rien, tant ce que vous décrivez découle simplement du bon sens, et non de l'idéologie prônée ici.
NOTA BENE : Merci au fan club de Frederick Leboyer d'aller voir ailleurs si j'y suis. Je ne tolère pas les trolls qui s'autorisent à donner des leçons voire à m'insulter.
Ce blog n'est pas un espace communautaire : c'est un journal de lecture personnel. Vous pouvez ne pas être d'accord avec ce que je dis mais ça ne vous donne pas le droit de réclamer que je corrige quoi que ce soit. On peut discuter, mais restez poli(e).
J'ai lu ce livre en 2005 non pas en spécialiste, mais en lecteur concerné. Mon avis n'a pas bougé depuis.
Point F-I-N-A-L.
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