05 décembre 2007

Micmac moche au Boul’Mich’

Ce n’est pas un titre de la série du Poulpe, mais un autre tome des Nouveaux Mystères de Paris, ces enquêtes de Nestor Burma, le détective privé à la pipe en forme de taureau et au parler argotique.

Ce qui fait l’unité de ces Nouveaux mystères de Paris (ce titre fait bien sûr référence aux Mystères d’Eugène Sue), c’est d’abord le retour des personnages principaux : Nestor Burma, bien sûr ; sa secrétaire, Hélène, jolies gambettes et répartie impertinente ; et le commissaire Florimond Faroux, dont les bacchantes se hérissent ou retombent selon son humeur…

Ensuite, les romans de Léo MALET empruntent au théâtre classique une de ses règles élémentaires : l’unité de lieu. La tragédie de Brouillard au Pont de Tolbiac se situe dans le XIIIe. Dans MMBM, on suit le privé au cœur du Ve arrondissement : le boulevard Saint-Michel, la rue Mouffetard (« la Mouffe »), la place de la Contrescarpe, et autres rues aux noms pittoresques du quartier Latin.

Enfin, et c’est peut-être une caractéristique du polar du XXe siècle, la langue de Léo Malet mêle avec habileté allusions littéraires, passé simple et argot fleuri des années 50.

Une jolie poupée, Jacqueline Carrier, refuse de croire que son julot, Paul Leverrier, se soit brûlé la cervelle. Pour elle, c’est un crime déguisé. Ses grands yeux bruns, sa taille fine et ses biftons font promettre au privé de mener l’enquête. Seulement, d’après les tuyaux de Florimond, il n’y a pas bésef à chercher autre chose qu’un suicide. Alors, pas d’enquête ? Si, au moins pour aider Jacqueline à se faire une raison…

En bref, des strip-teases médiévaux, l’héritier d’Alexandre, un corbeau chanteur, un grand Noir sentimental, quelques cadavres bagarreurs, Baudelaire et une boucherie en catimini… Voilà les principaux ingrédients de Micmac moche au Boul’Mich’. Ne vous fatiguez pas à jouer les privés : vous n’êtes pas Nestor Burma !

Lisez plutôt les polars de Léo Malet, si possible dans cette très belle édition de 1999, chez Fleuve Noir, avec de belles photos noir et blanc du Paris des années 50.

PS : en commentaire, un extrait sur les chaises criardes de la P.J.


237 pages, coll. Fleuve Noir - 22 €
Une lectrice du BàL

1 commentaire:

Anonyme a dit…

« Trois chaises s’alignaient contre le mur. Des chaises d’aspect bien honnête, mais il ne fallait pas s’y fier. Ils en possèdent tout un stock, à la P.J., bancales et dressées à grincer au moindre mouvement de celui qui y pose les fesses. Elles sont réservées aux types qui entrent en ces lieux en qualité de témoins, avec toutes les chances d’en sortir inculpés. L’instabilité du siège, ses grincements, gémissements et protestations leur tapent sur le système et ajoutent aux tourments du questionnaire. Petite combine maison dont je me tamponnais, mais autant être installé confortablement. Je choisis donc la chaise qui me parut la moins traîtresse, l’approchai de la table et m’assis. »

Chapitre II, « Discussion autour d’un cadavre » Micmac moche au Boul’Mich’, Léo Malet, 1957.