(BD) Exit
Exit : c'est un volume de taille moyenne contenant entre 80 et 100 pages sur fond noir. C'est pas écologique niveau encrage, mais c'est pas fait pour, je le crains...
Thomas OTT rassemble ici plusieurs parutions antérieures, et le tout se lit comme un recueil de nouvelles graphiques. Le trait peut rappeler Charles Burns, ou, pourquoi pas, le Stassen de Deogratias dans ses pages les moins appétissantes.
Thomas Ott affiche dans cette œuvre un pessimisme généralisé à l'égard de l'espèce humaine et de ses destinées. En entrant dans des chiottes publiques taguées du sol au plafond et où les lunettes de chiottes en plastiques ont disparu depuis longtemps (ça renseigne sur l'ambiance), un implacable tueur à gage ne prête même pas attention à l'une des inscriptions, Charlie Manson for President, qui fait l'apologie d'un terrorisme esthétique.
Un type rêve trois fois de rang qu'il meure dans d'atroces souffrances, mais lorsqu'il finit par se lever du lit, il trébuche simplement et se brise la nuque sur sa table de chevet. Sordide, non ? Un autre est dans la jungle du Vietnam, bombardée au napalm, lorsque son équipier est fauché par une décharge de mitrailleuse. Lui-même est touché, s'écroule puis se met à délirer (visuellement). On se saura qu'au bout de quelques pages qu'il a littéralement perdu la tête... Le tout se termine par un champignon nucléaire, « manière d'enfoncez-vous bien ça dans le crâne tout à fait inutile » (je plagie Jean Rouaud dans l'incipit des Champs d'honneur, prix Goncourt 1990).
Bref, c'est noir. Noir est l'humour, noires sont les pages. Noir est aussi le personnage qui se venge de la façon la plus noire. Exit, de Thomas Ott, ne propose pas franchement de possibilités pour s'en sortir. C'est plutôt l'éternel constat : on est tous dedans jusqu'au cou, et « personne ne sortira d'ici vivant »... comme disait Jim Morisson dans ses moins bons jours.
Env. 80 pages, éd. Delcourt 1997 - actuellement indisponible
10... 9... 8... 7... 6...
1 commentaire:
Tout simplement génial...
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