La Commedia des ratés
Pelouse Kem' nous présente un polar de Tonino BENACQUISTA
« Elles forment un univers en soi, à l'état brut, dont même le plus fin gourmet ne soupçonne pas toutes les métamorphoses. Un curieux amalgame de neutralité et de sophistication. Toute une géométrie de courbes et de droites, de plein et de vide qui varient à l'infini. C'est le royaume suprême de la forme. C'est de la forme que naîtra le goût. (...) L'arrondi a un goût, le long et le court ont un goût, le lisse et les stries aussi. Il y a forcément quelque chose de passionnel là-dedans. (...)
C'est parce que la vie elle-même est si diverse et si compliquée qu'il y a autant de formes de pâtes. Chacune d'elles renvoie à un concept. Chacune va raconter une histoire. (...)
Regardez comment est fait un plat de lasagnes, vous n'y verrez que la couche apparente, le gratin qu'on veut bien vous montrer. Mais notre individu veut voir les strates inférieures, parce qu'il est sûr qu'on lui cache des choses profondément enfouies. Pour s'apercevoir peut-être qu'il n'y a rien de plus qu'en surface. Mais d'abord il va chercher, se perdre, et traverser un long tunnel obscur sans savoir s'il y a quelque chose au bout. »
Et cette description sociologique vient d’un polar. Car tout dépend de la différence entre les rigatonis et la carbonara, figurez-vous. On se doute bien que c’est le détail à considérer. Et ce n’est pas qu’une question culinaire, vous l’avez compris : il y a mort d’homme. Antonio Polsinelli n’aime pas traîné dans la banlieue des Ritals, il préfère fuir la mascarade des immigrés qui ne sont ni d’ici ni de là-bas. Mais il est attendu par un copain d’enfance, Dario, le Rital de caricature : costume blanc, chaussures bicolores, amoureux de l’argent facile du moment que ça ne demande pas trop de travail. Mais la rue des immigrés italiens est longue. Dario meurt le lendemain de cette étrange rencontre où Antonio a écrit pour lui une lettre. Une balle de neuf millimètres.
Du coup, Antonio hérite à sa grande surprise de ce Dario perdu de vue : un terrain de vignasse, à Sora, en pleine campagne italienne. Du vin que tout le monde considère comme un vinaigre amélioré. Dario, ce fainéant professionnel aurait souhaité se mettre au vert ? Travailler d’arrache-pied une vigne qui n’a jamais rien donné de bon ? Il y a embrouille dans les nouilles...
Et Bianca qui fait la cuisine avec la télé allumée : mettre l’eau à chauffer. A la fin des pubs, elle bout. Y plonger la pasta. Egoutter après la météo. Succulent, non ?
Les leçons sur l’Italie, la langue et la religion de la pasta sont parfois un peu lourdingues : ce défaut de celui qui vient de découvrir une culture et qui veut en livrer tous les traits folkloriques.
En bref, La Commedia des ratés est “une farce bouffonne au goût amer, un drame dont on se retient de rire”, un polar bien écrit et qui fait la part belle à la dérision.
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216 pages, coll. Folio policier - 4,60 €
1 commentaire:
La pasta, c'est un art de vivre. Je l'ai toujours dit !
:p
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