La Route de Los Angeles
La Route de Los Angeles, roman de John FANTE (1909-1983).
Arturo Bandini est le très fameux double littéraire de John Fante. Dans ce roman, le premier le mettant en scène, on voit notre anti-héros végéter à Wilmington, près de Los Angeles, chez sa mère et sa soeur.
Bon à rien, Arturo ne manque pourtant pas d'estime de soi. Il se dit écrivain, mais en fait il peine à garder son poste à la conserverie de poisson.
Quelques choses qu'on sait de lui : il emprunte à la bibliothèque des livres très intelligents qu'il lit sans comprendre, mais dont il retient de longs passages par coeur pour pouvoir impressionner son monde. La jeune bibliothécaire, Miss Hopkins, lui fait de l'effet.
Avant que son oncle Franck Scarpi lui trouve le boulot à la conserverie, il passait des journées entières dans le placard où se trouvent les robes de sa soeur et de sa mère, à lire Nietzsche et à faire l'amour avec des "femmes-photos" déchirées dans des magazines.
Il déteste sa soeur Mona parce qu'elle est bigote.
Il méprise à peu près tout le monde.
Il est matérialiste, immature et fétichiste.
Le portrait de Shorty Maylor, contre-maître de Bandini à la conserverie, est très beau et subtil. Idem pour ceux d'Eusebio et de Jim, des gars du peuple que côtoie Bandini et avec lesquels il adopte une attitude très aristocratique : Bandini se prend pour un "surhomme" de Nietzsche, et cite Zarathoustra à tour de bras. Le tableau de la société américaine juste après le crach de 1929 est également intéressant, surtout en Californie où les travailleurs mexicains concurrencent les natifs.
Mais malgré cela, le roman de Fante se lit assez difficilement à mon avis. Bandini est un tel looser que son récit à la première personne, gonflé de prétention (pour les besoins de la cause littéraire), nous gave très rapidement. On est quelque part entre Martin Eden de Jack London (que Fante parodie dans le roman qu'écrit Bandini) et La Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole. Le tout en beaucoup moins bien. Les premières scènes du livre, par exemple, s'enchaînent à la façon d'épisodes... je ne me suis pas senti pris par l'histoire : j'ai dû me forcer à continuer...
On lit tellement d'éloges sur l'écriture de John Fante, et sur son héros auto-fictionnel Arturo Bandini, particulièrement l'hommage appuyé de Bukowski, qu'il serait dommage de s'arrêter à ce premier roman, écrit en 1933 mais publié seulement à la mort de l'auteur...
260 pages, coll. 10/18 - 6,90 €
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1 commentaire:
Absolument pas d'accord avec votre avis...
Pour moi, ce petit livre est un bijou. D'humour d'abord. Fante n'épargnant rien à son alter-ego Bandini. Les échanges entre Bandini et les gens qui l'entourent sont absolument hilarants et jouissifs. D'autant qu'ils sont souvent ponctués par les sensations du héros, en totale contradiction avec tout ce qu'il raconte.
Bien sur, Bandini est pathétique mais il est aussi fantaisiste, rêveur, plein de panache, insupportable, drôle et incapable de supporter la réalité, tentant vainement de s'en échapper à chaque instant. En racontant des histoires, en déguisant ses sentiments et ses sensations.
Enfin, au délà de la drôlerie du bouquin (trés longtemps que je m'étais pas autant marré en lisant un bouquin), certains passages et portraits sont saisissants comme les tueries de bestioles ou la poursuite de la femme au manteau dans la rue. Intermède poétique et respiration du récit trés bien amenés.
Bref, du trés bon Fante et pour moi, même un des meilleurs Fante.
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