21 juillet 2006

Mon chien Stupide

Henry J. Molise est un écrivain et un looser, un bourgeois aisé qui pointe au chômage, un chef de famille solitaire. Il vit à Santa Monica, sur la côte de Los Angeles, avec sa femme Harriet, sa fille Tina, ses fils Dominic, Denny et Jamie. Il a une passion irraisonnable pour les bull-terriers et pour sa Porsche.

Expliquons un peu mieux. Henry a publié quatre romans, mais vit en fait de scenarii peu glorieux pour la télévision, et plus rarement pour le cinéma. Il a une grande maison en Y qu'il habite depuis 20 ans et dont il a payé toutes les traites. Pour sa Porsche, il lui reste quatre mois à casquer.

Joe Crispi, un producteur véreux, propose du boulot à Henry, mais ce ne sont que des plans foireux. Tous deux sont à leur manière l'incarnation de l'Italien né en Amérique. C'est un peu "tout pour l'esbrouffe, pourvu que je bouffe".

Henry aime se persuader qu'il maîtrise sa vie, mais en fait il se soumet aux desiderata de sa femme Harriet, parce qu'il a déjà dû la récupérer plusieurs fois, et qu'il ne se sent pas le courage d'avoir à le faire une fois de plus.

Harriet tente d'incarner la mère parfaite pour ses quatre enfants, mais elle est en réalité dépassée par la jeunesse de ces années 70 finissantes. Henry est un peu plus à la page : il boit et il fume, il conçoit que son fils aîné couche avec des femmes noires aux jambes longues et au cul rebondi.

Mon chien Stupide est donc principalement l'histoire de Henry et Harriet au moment où leurs quatre enfants vont quitter le foyer familial. Mais cette histoire coïncide avec l'arrivée d'un chien errant dans la maison de Henry. Un chien qui ne pense qu'à tringler tout ce qui bouge. Henry le baptise Stupide. Ce n'est pas un bull-terrier, mais il se reconnaît quand même en lui. Ou plutôt, ce chien le venge des choses de sa vie qu'il a laissé filer. Stupide aime la castagne, il a un caractère de cochon pleinement assumé ; Henry est lâche, et s'il se montre volontiers blessant envers sa progéniture, il finit toujours pas se montrer conciliant vis-à-vis de Harriet.

Henry caresse un rêve : retourner à Rome, dans la mère-patrie. Le bouquin s'intitule d'ailleurs West of Rome en version originale. De la même façon que Brautigan mentionne Babylone dans son bouquin éponyme. La comparaison s'arrête là, et Mon chien stupide se situe plutôt quelque part entre un Bukowski et le philosophique et sentimental Voyage avec Charley de Steinbeck.

Ce n'est pas encore l'excellent John FANTE promis par la rumeur, par la critique ou par Bukowski. On y trouvera pas non plus une vision particulièrement idéalisée de la West Coast... et ça n'est pas une fin tonitruante pour la Quinzaine "West Coast classics", mais Mon chien Stupide est quand même un très bon bouquin, indéniablement.


185 pages, coll. 10/18 - 6,00 €
Découvrez John FANTE et La Route de Los Angeles
Aller à la Quinzaine "West Coast classics"

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ce chien est absolument fabuleux ! Je l'adore, il m'a enchanté. Voilà quelqu'un de bien, pas comme ces miséreux rejetons !

Pauvre Milouse, et Bravo le Chien. Je l'adore et je voudrais bien le même à la maison... si Stupide veut attérir sur mon canapé, pas de problème...

Un excellent Fante !