03 septembre 2006

L'Etrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde

Docteur Jekyll et Mister Hyde, deux figures légendaires de la littérature, deux véritables mythes issus du cerveau tourmenté de Robert Louis STEVENSON (1850-1894). Je n'avais jamais lu ce petit roman à l'énorme réputation ; c'est chose faite.

Et franchement, quelle déception ! D'abord, je suis déçu du style de Stevenson, un style très ampoulé, ne s'écartant jamais de la norme académique en matière de syntaxe. Chaque nom commun est coincé au sein d'un joli groupe nominal, lequel comporte au moins deux adjectifs : « M. Utterson, notaire de son état, était un jeune homme à la mine austère que jamais n'éclairait le moindre sourire ; froid, le verbe rare et embarassé, conservateur par conviction, maigre, long, poussiéreux, sinistre, et pourtant attachant à sa manière. » Vous voyez ce que je veux dire ?

Les personnages de ce petit roman sont aussi étriqués que l'écriture de Stevenson. Il faut dire qu'ils vivent dans la ville de Londres à l'époque victorienne. Le moindre pet de mouche y passe pour un assassinat. Aussi le premier crime de M. Hyde, celui pour lequel tout Londres va lui porter une sainte abomination, c'est d'avoir bousculé une fillette au croisement de deux rues. Au lecteur de deviner qu'il se trouve dès lors en présence d'un monstre sanguinaire, d'un avatar de Satan.

La structure du roman est également pour beaucoup dans son côté assommant. En effet, les deux premiers tiers ne servent qu'à mettre en scène l'arrivée finale d'une lettre du docteur Jekyll, qui est seul à pouvoir tout expliquer. Or, comme on sait tous aujourd'hui que docteur Jekyll et Mister Hyde, c'est la même personne dédoublée, voilà un bel exemple du mal que peut faire à une oeuvre la réputation qu'elle a gagné au fil des ans. Je veux dire par là que rien ne survit, dans le récit de Stevenson, qui soit capable de surprendre le lecteur d'aujourd'hui.

L'Etrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde devient donc une sorte d'oeuvre réservée au public lettreux, qui se réjouira d'expertiser tel ou tel élément autobiographique dans l'oeuvre. C'est ce à quoi s'amusent les auteurs du dossier critique de cette édition, qui pourtant fait référence. Tout cela est bien navrant, et j'ai perdu mon temps.


68 pages environ, coll. La Pleïade - 57,50 €
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