(BD) Isaac le Pirate
Un article signé Artagnan :« Isaac le pirate » est un titre de BD mensonger. Car le héros de cette aventure n’a de pirate que le nom. Normal, il est peintre de son état. J’allais dire, peintre de formation, mais est-on peintre de formation ? Bref, le sabre et le bandeau lui vont comme le casque de moto à la bigoudène.
Après cette petite entrée en matière quelque peu vide de sens, il me faut vous présenter l’animal. Nous sommes dans une ville portuaire (on ne sait pas laquelle), au 18ème siècle. Isaac Sofer vit, avec sa fiancée Alice, de la vente de tableaux. La vie s’écoule paisiblement, jusqu’à ce qu’un mystérieux personnage, qui se dit chirurgien de marine, le convainque d’embarquer pour un court voyage afin qu’il peigne la vie à bord de son navire.
Le court voyage s’avère être une traversée de l’Atlantique, direction les Amériques, en compagnie d’une bande de pirates plus pitoyables que méchants. Et on comprend d’emblée la philosophie de notre héros : il accepte la trahison sans piper mot. Cette première réaction, pour étonnante qu’elle paraisse, va guider tout le récit. Isaac semble accepter les évènements avec une fatalité déconcertante. Rarement on le verra prendre l’initiative. Pourtant il a du caractère, pourtant il l’aime, sa jolie Alice. Mais il va se laisser guider par d’autres que lui dans une aventure qu’il n’a pas choisie. Dans cette suite de rencontres improbables avec des personnages de tout poil, bourgeois ou petites gens, son amour pour Alice ne va cesser de grandir. Et jamais il ne cessera de dessiner.
Isaac, traînant sa carcasse en mer, aux Amériques puis en Europe, en compagnie du bon Jacques, est un personnage bougrement attachant. Attachant parce que complètement perdu et tout entier tendu vers un seul but : retrouver la femme de sa vie. Jacques, fidèle compagnon de déroute, va l’aider dans cette quête. Les histoires annexes n’ont aucune importance : ce qui compte, c’est Alice. Le dessin de Blain peut être extrêmement chaleureux, comme il peut trahir une incroyable noirceur (notamment dans le tome 2, « Les glaces »). A la différence de Sfar, il s’inscrit davantage dans un style qui pourrait s’apparenter à la ligne claire, mais dans une variante moins « assurée » (si si, je vous jure). Ses personnages sont d’une extraordinaire expressivité, et les situations sont souvent cocasses. La réussite de cette série tient également au fait que Blain insuffle une dose de poésie au récit, faisant de son personnage un grand incompris, genre poète maudit. A cette différence près qu’Isaac s’en sortira, lui.
48 pages, coll. Poisson Pilote - 9,80 €
6 commentaires:
Oui bon je sais, c'est long. Mais ça va venir !
Oserai-je dire, à ta décharge, que tu n'es pas de ces évaluateurs précoces ?
Oups ! Je l'ai dit... :)
Hi hi ! Tiens c'est marrant, j'ai passé l'après-midi à discuter évaluation au boulot. Va falloir que j'évalue mes agents, et pire : que je les note !
Les boules... (toujours dans le même registre)
Oui, trop de blogs tue le blog. C'est beau ce que je dis, non ?
Ben, il n'est même plus sur un bateau Isaac, alors comme pirate...
j'adore Blain... et Isaac... mais quand je vois qu'il a écrit plusieurs titres depuis... il va falloir que je me rattrape...
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