(BD) Le Chat du Rabbin
Le quatrième tome de ce cycle de Joann SFAR vient d'arriver dans les bacs des libraires. Un cinquième tome est d'ores et déjà annoncé.
Des BD qui abordent le sujet sensible et somme toute intellectuel des religions monothéistes et de leur histoire, a vue de nez, il n'en existe pas des tas. C'est pourquoi ce cycle de Joann SFAR peut déjà nous intéresser a priori. Qui plus est, Joann Sfar est reconnu, à juste titre, comme l'un des auteurs par lesquels le renouvellement de la BD arrive depuis quelques années déjà. On peut souligner au passage le rôle primordial de la collection Poisson Pilote, ainsi que des blogs BD, dans ce phénomène.
L'histoire racontée ici par Sfar, loin des cycles Petit Vampire et Grand Vampire, est paraît-il fortement inspirée par l'univers de son enfance, et en particulier des contes qui l'ont marqué lorsqu'il était petit.
Le chat du Rabbin, héros éponyme de ce cycle, n'est pas très ordinaire : du fait des fonctions de son maître, c'est un animal pourvu d'intelligence, de sensibilté et - on pourrait le dire, quitte à blasphémer - d'une âme. Une âme de philosophe, peut-être, au sens où l'entendrait Michel Onfray, puisque sa philosophie est effectivement une sorte de phase de la vie qui vient "au-delà" de toute croyance religieuse. C'est ce chat qui nous raconte l'histoire, par conséquent.
L'HISTOIRE. Elle est multiple ! Le premier tome parle énormément de religion, et en particulier du credo. Les dialogues entre les différents personnages, et auxquels participe le chat du Rabbin, ont quelque chose de socratique. Les "exposés des faits" religieux sont très abordables, et posent les choses de façon claire, drôle, parfois incongrue. Les deuxième et troisième tomes changent complètement de ton, et nous amènent sur deux pistes parallèles : l'histoire d'amour de la fille du Rabbin, d'une part ; la légende du Malka des Lions, d'autre part. A vrai dire, l'histoire d'amour, après le tome 1, on s'en serait bien passé... surtout que le chat et ses discussions philosophico-religieuses sont vraiment relégués à l'arrière-plan, du coup. Drôle d'idée !
Le quatrième tome revient sur ce personnage du Malka, mais parvient également à faire que Le Chat du Rabbin retombe sur ses pattes : la narration redevient plus originale, plus décousue, moins linéaire, le dessin plus onirique, plus varié, plus abouti. Les personnages, parmi lesquels figurent principalement le chat du Rabbin et le lion du Malka, enchaînent des dialogues sur les grandes questions de la vie, telles le vieillissement, la séduction, la réalité de la fiction (ou l'irréalité de la "vraie vie"), le choix de la mort, l'honneur, l'amour, et surtout l'image qu'on donne aux autres, et celle qu'on a de soi.
Décidément, Le Paradis terrestre et sa suite annoncée nous font une belle occasion de découvrir ou redécouvrir ce Chat du Rabbin, qui après s'être un peu fourvoyé revient à son originalité et à sa force premières. Du très très bon Joann SFAR, et ce n'est pas peu dire !
4 x 48 pages, coll. Poisson Pilote - 9,80 € chaque tome
1 commentaire:
Je suis d'accord avec toi pour le T.4 du chat du Rabbin, il est meilleur que les deux précédents. Le Malka prend une dimension tout à fait intéressante, au même niveau que le chat. Le tout sur fond d'antisémitisme, notion qui n'apparaît pas dans les volumes précédents.
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