25 août 2007

Saul Bellow, Jorge Luis Borges et nous

J'ai acheté Mémoires de Mosby, des nouvelles publiées en 1968 par le prix Nobel de littérature de 1976, alias Saul BELLOW (1915-2005). Et j'ai commencé à lire la première nouvelle.

C'est l'histoire d'une petite bonne femme rabougrie, Hattie, qui vit seule dans une maison qu'on lui a légué près d'un lac, à 800 Km de San Francisco et à 350 Km de Salt Lake City. Hattie a deux familles pour seuls voisins autour du lac. Et la nouvelle commence lorsque ses voisins commencent à se dire qu'il serait temps de veiller vraiment sur elle, parce qu'elle débloque sérieusement.

Incapable de jamais prendre la moindre décision dans sa vie, Hattie ne cesse de geindre. L'héritage de la maison lui est tombé dessus pas hasard, mais elle n'avait rien à faire là, près du lac, et elle n'a aucun moyen de continuer d'y vivre. Elle picole un maximum.

Au bout de 40 pages, sur les 75 environ que compte cette première nouvelle du recueil, j'ai dû abandonner. Ça n'est pas que l'histoire ne me plaisait pas : les intrigues situées par Brautigan dans le fin fond du Montana ou de l'Oregon ne sont pas forcément plus passionantes en elles-mêmes. Mais le narrateur de cette histoire de Hattie connaît tout, sait tout, déclare tout comme s'il était Dieu. Et l'écriture de Saul Bellow est des plus plates. Son sens du portrait psychologique est préoccupant. Page 32, Hattie est "en fureur". Page 34, dans une autre situation, elle ressent... "de la fureur". Et page 36, dans une troisième situation... « Mais au fond de son cœur, Hattie était furieuse. »

Pitié.

Après cette déconvenue, j'ai essayé d'aller à la nouvelle éponyme, "Mémoires de Mosby", car c'est ce titre qui m'avait attiré. Ça n'avait pas l'air mauvais, et le point de vue narratif, autrement dit la focalisation, était moins omnisciente, comme on dit dans le jargon.

Mais trop tard : je n'ai pas réussi à m'y mettre. C'est extrêmement rare que j'abandonne un livre en cours de route par rejet de l'écriture, mais voilà. Jorge Luis Borges (1899-1986), écrivain et poète argentin bien connu, disait que la littérature était faite pour procurer du plaisir aux lecteurs, et qu'il ne fallait pas lire pour autre chose que pour chercher du plaisir. Borges, bien qu'aveugle à la fin de sa vie, me paraît très clairvoyant.

Qu'en pensez-vous ?

1 commentaire:

Nicolas a dit…

Apparemment, pas grand chose... :/