13 février 2007

Le Mythe antique dans le théatre du XXè siècle

D'accord, on ne dirait pas forcément comme ça, au premier abord, mais ce bouquin est vraiment passionnant !

C'est une sorte de "Que sais-je", version améliorée, écrit par Olivier GOT qui est agrégé et tout et tout. Le format et la présentation sont agréables, pratiques et clairs.

J'ai revu en quelques pages ce qu'est un mythe : l'origine étymologique muthos signifie parole, discours, récit. Le mythe prend plus tard le sens de fable, de légende. Un mythe c'est donc, pour paraphraser la première page de l'ouvrage, « un récit imaginaire, appartenant à un groupe social donné, transmis de génération en génération et qui enferme un sens symbolique. »

L'action du mythe se situe le plus souvent dans un temps non défini, lorsqu'il raconte les origines du monde : par exemple l'épisode de la Genèse dans la Bible. Mais le mythe peut aussi, plus rarement, pointer un épisode historique précis, et dont on a perdu le souvenir exact. Le mythe s'installe alors dans les trous de mémoire et recrée l'épisode de façon idéalisée. C'est l'exemple de la guerre de Troie, connue à travers Homère, où bien celle de Charlemagne contre les Sarrazins, évoquée dans la Chanson de Roland, premier poème de la littérature française.

Les personnages du mythe sont en général des dieux, des héros et des monstres. Les héros sont soit de nature mi-divine mi-humaine, comme Hercule, fils de Zeus et d'une mortelle, soit des êtres doués de pouvoirs et capables de prodiges.

On peut opposer révélation et mythe, dans la mesure où le premier s'appuie sur une transmission directe du message : le corpus de la Bible est révélé par Dieu lui-même. Dans les mythes, il n'y a pas de texte premier : la tradition est orale, et les poètes n'ont fait que transcrire des épisodes, au gré de leur fantaisie et de ce qu'ils cherchent à mettre en avant selon leur époque.

On apprend vraiment une mine de choses dans ce livre, et ce en très peu de pages : je n'en ai lu pour le moment que 28 sur 89 ! Savez-vous quel est le défaut humain qui énerve le plus les dieux ? C'est l'hybris, c'est-à-dire la démesure. Quels sont les auteurs tragiques grecs ?

Il y a d'abord Eschyle (525-426), dont il nous reste sept œuvres : Les Perses, Les Sept contre Thèbes, Les Suppliantes (fin d'une trilogie... les tragédies étaient composées et présentées par trilogie, et se terminaient par une pièce courte et légère, sorte de digestif théâtral). Il y a aussi l'Orestie, trilogie complète qui comprend Agamemnon, Les Choéphores (les "Porteuses de libérations"), Les Euménides (Les "Bienveillantes", c'est-à-dire les Erynnies, déesses du remords, nommées ainsi par antiphrase... eh oui, c'est sûrement de là que provient le titre du Goncourt 2006 !), et enfin Prométhée enchaîné, début d'une trilogie. A l'époque d'Eschyle, les tragédies sont jouées par un chœur, un choreute. Eschyle ajoute un deuxième acteur.

Ensuite, Sophocle (497-406), dont il nous reste également sept pièces (sur cent quinze probablement écrites dans sa longue vie) : Ajax, Les Trachiniennes, Antigone, Œdipe roi, Electre, Philoctète, Œdipe à Colone. Sophocle a ajouté un troisième acteur, poussé à abandonner les trilogies et augmenté le chœur de douze à quinze personnes.

Enfin Euripide (480-406) : il nous reste dix-huit tragédies et un drame satyrique. Ses œuvres, via le poète latin Sénèque au premier siècle après J.C., ont énormément influencé les classiques comme Racine. Médée, Andromaque, Les Troyennes, Electre...


S'ensuit dans l'ouvrage une présentation détaillée et illustrée d'extraits de l'arbre généalogique des Labdacides (Europe, Cadmos, Laïos, Jocaste, Œdipe, Créon, Hémon, Antigone... ), puis de celui des Atrides (Zeus, Tantale, Pélops, Atrée, Thyeste, Hélène, Ménélas, Agamemnon, Iphigénie, Electre... ). Je ne vous raconte pas tout, mais moi j'ai révisé les bases de notre culture, rien que ça !

La division de cet ouvrage à la manière d'une boîte à outils du mythe antique laisse la possibilité, comme je l'ai fait, de découvrir ou redécouvrir, sans être contraint de tout lire d'un trait. Bon boulot, lecture très motivante !


89 pages, coll. ellipses - 5 €

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