28 octobre 2006

(BD) Big Bill est mort

Wander ANTUNES et Walther TABORDA signent ici un album plutôt moyen.

Le thème central de ce volume ? La confrontation des noirs aux blancs d'un état du sud des Etats-Unis, dans les années 40 ou 50. L'histoire commence au moment où Big Bill, le caïd noir du coin, est retrouvé par ses deux plus jeunes frères pendu à un arbre, devant la maison de leur mère. Vous pouvez oublier le Ku Klux Klan : il n'en est pas question ici. Mais cela revient bien au même, puisque Big Bill, on va vite le découvrir, s'était fait tout un tas d'ennemis, noirs et blancs, dont plusieurs se sont alliés pour le tuer.

L'histoire est plutôt chouette, et l'idée de commencer avec la mort du personnage principal, comme l'annonce d'ailleurs le titre lui-même, est bonne sans être très originale. De là des récits insérés, des allers-retours entre le moment où les deux frères contemplent le cadavre de Bill, et les épisodes qui ont valu à ce dernier de se retrouver dans cette facheuse posture.

Mais il y a des "hic". D'abord, je ne trouve vraiment pas le dessin sensationnel. On est dans l'école de Van Hamme : silhouettes caricaturales de tous les personnages féminins, muscles saillants de tous les personnages masculins, gouttes de sueur qui ressemblent à de la peste bubonique... même la perspective n'est pas fiable, et certaines cases sont "mises en scène" de façon vraiment ridicule. Dès la première page, certaines postures des personnages paraissent tout bonnement impossibles.

Ensuite, l'écriture : elle est pauvre. Les dialogues tombent toujours à plat, il n'y a aucun art de la répartie. L'atmosphère se voudrait "tontons flingueurs", mais en fait on atteint péniblement le niveau de la cour de récré. Les personnages surlignent tout ce qu'ils disent. Il n'y a que du très très explicite, aucune retenue, aucune subtilité.

Enfin, l'intrigue se veut beaucoup trop riche pour une BD en 78 pages. En fait, un bon auteur romanesque pourrait pondre un volume de 300 pages au moins avec la même structure narrative. Il y a là matière à développer la psychologie, mais les auteurs n'en prennent pas le temps. Pourquoi n'ont-ils pas osé résoudre l'histoire en deux, voire en trois tomes ? Pour éviter cela, ils nous projettent plusieurs fois quelque mois ou quelques années en avant. L'action se démultiplie, on se met à nous raconter des histoires secondaires qui deviennent principale et n'ont aucun rapport avec Big Bill. A la toute fin, un narrateur omniscient nous résume en quelques mots ce qu'est devenu Jim, le jeune frère qui a vengé Bill.

Au risque de paraître pédant dans mon jugement, je crois que Big Bill est mort avait de bonnes choses pour faire une bonne BD, mais que les auteurs ont manqué de talent, ou fait les mauvais choix.


78 pages, coll. Paquet - 14,25 €

1 commentaire:

Anonyme a dit…

'tain, bonne mèreuh, ça caaaaasse.
Voilà du commentaire, du vrai !