31 août 2006

(BD) Blankets

Je viens de découvrir l'une des cinq meilleures B.D. que j'ai jamais lues : Blankets, de l'Américain Craig THOMPSON (né en 1975), sous-titré "Manteau de neige" dans l'édition française.

C'est un volume imposant, mais qui se lit comme s'il était cinq à six fois plus fin. La raison en est simple : c'est poétique, bien écrit, admirablement dessiné, et d'une grande simplicité apparente. Le scénario n'est pas alambiqué, et il sonne vrai d'un bout à l'autre. Blankets est présenté comme l'autobiographie d'adolescence de Craig Thompson.

On y lira surtout les relations entre le héros et son frère cadet, principalement pendant l'enfance, chez leurs parents très croyants et très stricts. Mais ce qui me paraît le plus beau est la première histoire d'amour de Craig. Une histoire à la fois banale et exemplaire, commune et improbable.

Raina est une jeune fille que Craig rencontre lors de vacances de neige organisées par leurs paroisses respectives. Ils ne se sont jamais vus auparavant : lui vient du Michigan, elle du très neigeux Wisconsin. La plupart de leurs congénères sont des enfants gâtés, habillés de marques à la mode de la tête aux pieds, et qui n'ont cure de la religion. Ils y ont substitué un goût profond pour la pensée unique et l'uniformité. Craig et Raina quant à eux ont une foi profonde, mais purement individuelle, ne visant à aucune communion de masse. Craig dit rapidement de Raina qu'elle lui paraît "divine", et c'est dire à quel point elle le touche dans sa chair propre, car elle n'attire pas particulièrement l'attention des autres.

En fuyant les activités forcées et les messes, Raina et Craig vivent ensemble en dehors de cette micro-société. Au retour de ces vacances, ils s'écrivent, de loin. Jusqu'au jour où Raina l'appelle d'une cabine, en pleine tempête de neige. Elle a fait une partie de la route pour le rejoindre, elle ne pourra pas faire le reste. Ses parents vont divorcer. Elle est bouleversée. Elle lui donne ses angoisses en déposition.

Le lecteur suivra Craig de son enfance jusque son départ de chez ses parents, non pas de façon linéaire, mais par sortes de "flashs". C'est la structure même des souvenirs que nous avons de nos propres vies.

Catégorisé "roman graphique", tout comme Jimmy Corrigan de Chris Ware ou les volumes de Seth, Blankets nous prouve en effet le talent exceptionnel de Craig Thompson pour mettre en page et véritablement "mettre en scène" son histoire. Même la déformation des événements par son regard d'enfant puis d'adolescent amoureux est prise en compte, et très subtilement suggérée, de sorte qu'il n'y a aucune place pour le solennel ou l'immature.

A lire, à offrir et à relire.


582 pages, coll. écritures - 23,70 €
dootdootgarden.com, le petit site web de l'auteur

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Dans mes bras ! C'est aussi une de mes BD favorites. C'est à ça qu'on reconnait les amis, les vrais. Je suis ému.

Anonyme a dit…

Tu as lu d'autres titres, espèce de grand fou ?
:)

Anonyme a dit…

Très belle BD, simple et d'autant plus émouvante. L'histoire de la foi du héros est très poignante aussi.
Ca se lit d'un coup, et ça rend tout chose...

Anonyme a dit…

Je suis d'accord avec toi, c'est presque aussi émouvant que la rentrée des classes... :/

Anonyme a dit…

Je crois qu'il a fait deux autres bouquins, "Chunky Rice" et des carnets de voyage à Paris, que j'ai feuilletés. Mais rien qui soit à la hauteur de "Blankets", qui m'a rendu moi aussi complètement chose une fois la dernière page tournée...

Anonyme a dit…

A propos, "Le retour à la terre" Tome 4 est sorti. Je l'ai acheté ce midi à Dinââârd !

Anonyme a dit…

Est-ce que je vais jouer au troll ici ? Non, laissons les gens à leur plaisir...:-)