16 février 2008

(BD) Un peu avant la fortune

DUPUY & BERBERIAN sont un auteur à quatre mains. Tant et si bien que l'éditeur leur attribue désormais un trait d'union. Les voilà mariés !

Je plaisante à peine, étant tombé sur un beau FUD sur un forum consacré à la B.D., genre « mé i' son paxé où koa ? ». Quand la tendance people prend le pas sur l'art...

Bref, Dupuy & Berberian récidivent, et obtiennent cette année le Grand Prix d'Angoulême. Et ne le méritent pas.

Ne faites pas semblant : personne n'est choqué par cette affirmation. A cette heure, je crois même que c'est l'opinion inverse qui en choquerait plus d'un. « Quoi, le Grand Prix n'est pas bon ? »

Non.

Ben oui, non (comme dirait Zazie) : d'abord parce que le Grand Prix d'Angoulême ne devrait pas s'amuser à consacrer des auteurs déjà consacrés, mais à encourager des œuvres naissantes, ou marginales. Bref le jury devrait dépasser la tête de gondole pour aller farfouiller au fond des bacs. Mais c'est un jugement personnel, et on va me rétorquer que le Grand Prix n'est pas fait pour ça, bla bla bla.

D'accord. Mais il y a plus gênant : Dupuy et Berberian signent ici 80 pages finalement très quelconques. En tout cas, rien ne distingue ces 80 pages-ci des dizaines d'autres déjà produites par-. Les personnages sont les mêmes, leur classe sociale est la même, leur cadre de vie est le même, leur mouron égotique est le même. Le trait est le même, les couleurs sont les mêmes, les effets de mise en scène sont les mêmes. Les prénoms sont les mêmes, les regards sont les mêmes, les appartements sont les mêmes, les surprises sont les mêmes, et ne sont plus des surprises.

En résumé voilà une BD correcte, bien faite. Les auteurs sont talentueux. Le style est bobo ramolli. Il a vraiment fallu que le reste de la sélection soit particulièrement mauvais ? Je n'aurais rien eu contre un prix d'honneur à Dupuy & Berberian, dont l'œuvre en commun est à la fois facile à regarder et au moins aussi profond qu'un bon téléfilm sur France 2. Mais un Grand Prix ? J'attends qu'on m'explique...


80 pages, coll. Aire Libre Dupuis - 14,25 €
Post scriptum : au fait, il a fait quoi Jean-C. DENIS, dans tout ça ? Il passait juste par là, ou bien...

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Je l'ai feuilleté et je ne l'ai pas trouvé si intéressant (alors que j'adore les auteurs). Mais pourquoi pas, si tu peux en parler, je serais ravie de lire ton post

Nicolas a dit…

Merci de ton message, Sam !
:)

Tanguy a dit…

Dans mes bras ! (oui ça faisait longtemps).

je l'ai également feuilleté, et je dois avouer que cette année le festival d'Angoulême a récompensé tout sauf l'audace. Note que je les aime bien, hein, mais bon, c'est archi classique et surtout déjà largement consacré. GUS, voilà une bédé qui aurait mérité le grand prix !

Nicolas a dit…

Gus serait effectivement une bonne idée. D'autant que j'ai aperçu le second tome dans une vitrine ce week-end.

Anonyme a dit…

moi aussi j'ai été déçue et j'étais assez désarçonnée des critiques flatteuses que j'avais entendu ici et là... bref, votre billet me fait du bien !

Nicolas a dit…

Merci de ton passage, Carine : je pense qu'on est assez nombreux à ne pas être tombés en extase...
A bientôt !
:)

Anonyme a dit…

Pas mal cette BD... Bon ok c'est pas une BD inoubliable mais ça se laisse lire... J'ai bien aimé la fin et aussi les changements de rythme...