Yonder
C'est un livre de Siri HUSTVEDT, écrivaine américaine d'origine norvégienne, née en 1955, auteure de romans et de méditations (c'est le sous-titre de cet ouvrage) subtiles, nostalgiques, élégantes, apparemment simples. Siri est aussi, accessoirement mais pas tant que ça, la compagne d'un certain Paul Auster...
Il y a six méditations pour 275 pages.
"Yonder", qui ouvre le recueil et donne son titre à l'ouvrage, est le plus beau des quatre textes que j'ai lus à cette heure.
« Un jour mon père m'a demandé si je savais ce que signifie yonder. J'ai répondu qu'à mon idée, yonder était synonyme de there, là. Il a souri et m'a dit : "Non, yonder, c'est entre ici et là". ». Ce moment d'enfance reste ancré comme un phénomène de "magie linguistique", puisque un mot vient désigner quelque chose dont on ne pouvait soupçonner l'existence... avant que cette chose soit nommée. "Yonder", dès lors, devient non pas l'indécision entre ici et là, être ici ou là, aller là-bas ou rester ici, être d'ici ou d'ailleurs. "Yonder", c'est être dans cet espace entre ici et là.
Cette médiation inaugurale m'a absolument subjugué : ça n'est pas qu'une masturbation linguistique, mais une véritable leçon de vie et de littérature. Siri Hustvedt analyse sa double appartenance à la Norvège de ses origines, ainsi qu'aux U.S.A., et plus particulièrement à Northfield, petite ville du Minesota où elle a grandi. Lorsqu'elle part pour New York, il y a encore un "yonder" qui se dessine. Lorsqu'elle s'ouvre aux grandes émotions littéraires, c'est "yonder" à nouveau. "Yonder" devient le plus beau mot pour parler de soi et pour parler des livres. Livres qu'on lit, livres à écrire.
Le texte qui suit, "L'Annonciation de Vermeer", présente la lecture personnelle et (très) développée que fait Siri Hustvedt de La Dame au collier de perles, dont la couverture présente un détail. Le texte est long, trop long. L'interprétation, bien qu'intéressante voire originale, ne méritait pas de sortir des carnets d'étude de l'écrivaine, selon moi. Idem pour "Les Lunettes de Gatsby", troisième texte. La seule chose qui m'a intéressé, c'est le lien entre l'obsession de Hustvedt pour Gatsby et sa rencontre avec Paul Auster à New York.
Quatrième texte, "Plaidoyer pour Eros"... Ah la la... :)
275 pages, coll. Babel - 7,50 €
2 commentaires:
Ouais, enfin bon... Siri c'est principalement mon pseudonyme adoré. Peu me chaut ces usurpateurs, j'étais là avant. J'ai toujours été là.
Je viens de trouver ton (votre ? *hum*) blog en cherchant sur le web des articles sur "l'adieu aux armes"... pour savoir s'il méritait réellement que je délaisse mon Zola-chéri pour lui.
Apparement oui.
(Et puis ai fait, il est vachement bien ton blog, vraiment)
Merci pour cette soudaine avalanche de commentaires, Siri ! Et désolé pour le délai : je suis a London, away from home... I hope to read you again very soon ! :D
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