02 octobre 2007

Le Sabotage amoureux

Non, vous ne rêvez pas : c'est bel et bien un nouveau billet de lecture qui arrive. J'ai décidé de remplacer la voiture par le train. D'où la possibilité de bouquiner à nouveau. Alors plus que jamais, avec le BàL, "éloignez-vous de la bordure du quai" !

Le Sabotage amoureux, c'est un des titres d'Amélie NOTHOMB qu'on trouve facilement sur les listes de Bac de Français. Mais l'E.A.F., alias Epreuve Anticipée de Français du Bac, vous n'en êtes pas forcément un consommateur forcené ? Alors voilà, je précise : Le Sabotage amoureux, avec Stupeur et tremblements, Métaphysique des tubes et Hygiène de l'assassin, ce sont les gros titres de la Belge et néanmoins gothique Amélie.

Pour faire la nique à son homonyme, qui n'était que poulain, cette Amélie là, lasse de l'homélie, chevauche un destrier adulte dans un monde d'enfants. A moins que ce ne soit le contraire. Bref, à peine a-t-elle posé le pied en Chine que la jeune Amélie, dont le papa est diplomate, découvre le quartier bétonné où vivent tous les occidentaux. Les sorties du blockhaus sont autorisées, et la fillette s'évade dans la cité des Ventilateurs en donnant de furieux coups de pédale, telle celle qui murmurait au guidon des bicyclettes. C'est chouette.

Amélie et ses parents débarquent dans la Chine dévastée par le Communisme après avoir connu le Japon aristocrate et impérial. Ça rend nostalgique, forcément, même une petite fille. Amélie s'adonne alors au genre de sentiments et d'attitudes qui la placent au-dessus du commun des mortels.

Très vite dans le microcosme occidental, où l'on ne trouve que des enfants de diplomates, la seule occupation valable devient : faire la guerre. Les seuls ennemis tout désignés sont les Allemands de l'Est, car du point de vue d'Amélie et de ses camarades, l'armistice est caduque, c'est un compromis entre adultes, une lâcheté innommable.

Dans les deux camps, dès lors, les jeunes stratèges inventent des tortures exquises, des baptêmes infernaux : vomir sur l'ennemi, le baigner dans une mixture dont je vous passe les ingrédients, ou bien, ou bien... pisser dans les yaourts.

Amélie rencontre aussi l'amour absolu, douloureux, sadique, grâce à Elena, jeune beauté italienne : regard glacial, démarche hautaine, elle est superbe. La guerre de Troie a eu lieu pour la beauté d'Hélène, Elena mérite bien un holocauste à San Li Tun.

Amélie Nothomb compose ici un récit très drôle, plein d'ironie mordante. A travers les yeux de sa puérile héroïne, même la rigueur du Communisme chinois devient fantasque. Il se développe à travers tout le roman une zone de non-dit qui amène des quiproquo. Le Sabotage amoureux ne vaut pas tant, selon moi, pour l'analyse des premiers sentiments amoureux, que pour le témoignage venu tout droit du monde de l'enfance. Tout est à l'échelle : la cruauté des jeux, la violence des sentiments, les bouleversements intimes. Finalement, les adultes sont comme des enfants à qui l'on aurait retiré l'auto-dérision.


164 pages, coll. Magnard "Classiques et contemporains" - 5 €

3 commentaires:

Nicolas a dit…

Nous sommes 9 jours plus tard. J'ai décidé de remplacer le train par la voiture. Adieu, projets de lectures folles qui n'allaient apparemment, de toute façon, pas se réaliser...

Tanguy a dit…

Courage vieux, je suis avec toi.

Nicolas a dit…

T'es gentil. Mine de rien, c'est dur comme rythme.
:(