05 avril 2009

(BD) Trésor

Trésor, ça commence comme Les Demoiselles de Rochefort et ça se termine comme une histoire de l'Oncle Picsou. Cette BD de Lucie DURBIANO, en sélection officielle à Angoulême 2009, est publiée dans la collection Bayou.

Les couleurs sont franches et plates, le trait me rappelle Seth, l'auteur de La Vie est belle, malgré tout. Le tout est léger comme une aventure des 4 as adaptée pour les adultes, et l'épilogue est bienvenu pour ne pas terminer la lecture sur une note trop futile.

Le pire est que je me suis laissé prendre sans broncher dans l'histoire de cette recherche de trésor : il y a des statuettes à rassembler, l'héroïne est amoureuse de deux hommes, le deuxième homme est amoureux de deux femmes, le papa archéologue n'est pas bien loin... non, ce n'est pas un remake de L'Homme de Rio avec Jean-Paul Belmondo et Françoise Dorléac. Dommage car alors ça serait mieux rythmé et plus dépaysant. C'est tout simplement une sorte de suite de Orage et Désespoir, autre BD de la même auteure.

Je regrette le côté très vieille France de cette chasse au trésor. Les personnages sont des caricatures, du physique jusqu'aux sentiments : il y a la blonde fatale, le comptable à lunettes encore vierge, la midinette en mini-jupette, le bellâtre aventurier...

Pour résumer, j'imagine que vous vous laisserez prendre comme moi à la lecture de ce téléfilm facile à lire. Mais une fois la dernière page tournée, vraiment, il ne m'en est pas resté grand chose... Si le volume ne m'avait pas été offert, j'aurais regretté mon achat.


106 pages, coll. Bayou - 16 €

13 commentaires:

Julie Delporte a dit…

Haha le côté très vieille France est sans doute ce qui est justement très intéressant dans ce livre de Lucie Durbiano.

D'abord, c'est sa signature. Le fait qu'elle ne ressemble pas à toute les autres auteures.

Ensuite, et je ne dis pas que c'est ce qui en fait un chef-d'oeuvre, mais il faut comprendre qu'on a affaire ici à une bande dessinée que je qualifierai sans hésiter de post-moderne... Le référent n'étant pas la France actuelle ni des personnages réalistes, mais bien la France de Tintin et les personnages des demoiselles de Rochefort.

Il ne s'agit pas de parler de Parodie, ni de caricature, ni de citation à d'autres oeuvres que les bédéphiles doivent absolument repérer (et pourtant il y a en, il n'y aurait qu'à relire Le secret de la Licorne), mais plutôt d'une espèce de nostalgie et de détournement d'une bande dessinée ou littérature guimauve "pour enfant".

Ou bien d'un essai de ce qu'aurait pu être Tintin si Hergé n'avait pas autant nié l'existence des femmes !

Bref, il y a plusieurs niveaux de lecture dans Trésor, au delà de sa chouette et facile lecture de laquelle il ne reste plus grand chose.

Nicolas a dit…

Merci Julie pour ce commentaire très expert, je comprends ce que tu vois dans cette BD. Ceci dit les concepts qui gouvernent à la conception d'une œuvre m'importent assez peu et je préfère ne me fier qu'à mon plaisir pour décider si l'œuvre en question est réussie ou pas.

En l'occurrence distraction réussie, stimulation intellectuelle nulle. :)

Julie Delporte a dit…

Je ne pense pas que cela soit si lié que cela à des concepts qui gouvernent la conception de l'oeuvre, puisque je n'ai aucune certitude que ce que je prête à Trésor, Lucie Durbiano l'ait véritablement pensé.

Je ne vois pas Trésor comme une œuvre d'art contemporaine intellectuelle à déchiffrer, mais bien comme quelque chose qui vient titiller tout un tas de référents culturels de mon enfance, très relié, justement, à mon plaisir de lecture.

Mais tu n'es pas le premier à me dire avoir trouvé ce livre plutôt vide...

Mais sinon, en tant que prof, tu balayes aussi les contextes de conception ? C'est assez anti-scolaire, comme affaire ;)

Nicolas a dit…

:)

Ce n'est pas anti-scolaire dans l'école d'aujourd'hui, où fort heureusement on a abandonné les fameuses "intentions de l'auteur" pour s'intéresser aux choix d'écriture et surtout aux effets produits.

Julie Delporte a dit…

Ben on trouve quand même des choses fort intéressantes dans les intentions. C'est dommage de passer d'un extrême à l'autre.

Nicolas a dit…

Les intentions de l'auteur importent peu à mon sens. On peut le démontrer en écoutant un auteur parler de son œuvre...

Tout ce qui compte c'est de partager une culture élargie pour décrypter des signes, comme tu le fais en citant des références (conscientes ou non, peu importe) dans ton premier commentaire. Avec ces signes en mains, c'est au lecteur de reconstituer du sens.

Une fois livrée au public, l'œuvre ne peut plus appartenir à son auteur (je parle d'interprétation, pas de propriété intellectuelle bien sûr).

As-tu lu/vu Art de Yasmina Reza ? Sur la question des intentions de l'auteur, c'est assez limpide... ;)

Julie Delporte a dit…

En effet, je cite des références, mais parce que je les cites, tu me prêtes immédiatement des intentions de citer des intentions d'auteurs, alors que je n'en donnais pas. C'est ça, l'extrême, en mon sens. C'est le rejet en bloc de toute analyse qui n'est pas évidente au premier abord.

Oui oui j'ai vu Art, enfin il y a longtemps. Bien-sûr je suis d'accord avec tout ça d'une certaine manière. Mais c'est très caricatural, et ce n'est pas pour autant qu'il faut s'enfermer dans un anti-intellectualisme.

C'est bien de lire des textes, des entrevues d'auteurs pour comprendre mieux une oeuvre. Personnellement, j'ai appris à aimer des oeuvres que je n'aimais pas au début en ayant accès à des textes les expliquant, de leur auteur ou non.

C'est très bien aussi d'avoir l'approche que tu préfères, à savoir de dire à chacun : vous pouvez vous-même donner du sens à une oeuvre, ce n'est pas parce que vous n'avez pas les clés que vous ne pouvez pas la comprendre, l'appréciez, la critiquer.

Mais quand tu dis "On peut le démontrer en écoutant un auteur parler de son œuvre..." Et bien non pas du tout, cela dépend de chaque auteur ! Il y a des auteurs dont les paroles viennent éclairer l'oeuvre et augmenter le plaisir de leur lecteur.

Mais de toute façon, ici, je n'ai rien lu sur Lucie Durbiano...

Cécile Qd9 a dit…

eh oui, c'est cher une BD et ça se lit trèèèèèèès vite alors ça a intérêt à être inoubliable...

Nicolas a dit…

Hello Cécile, même si celle-ci encore m'a été offerte, je n'en ignore pas le prix et je suis de ton avis. ;)

pimprenelle a dit…

En effet, les BD sont assez chères! J'aimerais beaucoup m'y intéresser mais comme je suis novice, je ne sais absolument vers quoi me tourner...Il va falloir que je me penche sérieusement sur la question...

Cécile Qd9 a dit…

De mon côté, j'ai reçu Negrinha, j'ai bien aimé mais je trouve ce côté expéditif de la lecture très frustrant... J'en parlerai sur mon blog d'ici quelques jours de toute façon.

Faelys a dit…

mes yeux avaient glissé sans accrocher sur cette BD comme une omelette sur une Tefal, ton billet me l'a fait découvrir par procuration,, merci à toi!!

Nicolas a dit…

Quelle superbe comparaison... :)