Va où
En flânant au milieu des rayons d'une bibliothèque de lycée, je suis tombé tout-à-fait par hasard sur une série de dix-huit exemplaires d'un recueil de poèmes. Cela s'intitule Va où, et ce n'est pas la première publication poétique de l'auteure, Valérie ROUZEAU.
C'est une poésie qui a l'air simple, comme par exemple celle de Prévert ou de Desnos. Mais contrairement à Prévert, Valérie Rouzeau n'ancre pas ses poèmes dans un quotidien matériel, elle ne "nomme" pas le monde (une rue, un prénom, un objet du quotidien). Elle se préoccupe plutôt de son humeur, souvent positive d'ailleurs. Et ça fait du bien, parce que la poésie en France est passée par des années et des années de précoccupation psychanalysante dépressive. Malgré la "beauté" (bonjour la notion subjective), Jaccottet m'ennuie très vite.
Valérie Rouzeau écrit avec l'espièglerie d'une Camille (la chanteuse), ou slamme parfois à la manière d'un Grand Corps Malade (le chanteur). Les textes n'ont pas de ponctuation mais sont quand même mis en vers (longs). En d'autres termes, elle va à la ligne, mais n'indique pas où elle reprend son souffle. Cela produit une scansion, un rythme qui dépend de vous plus que d'elle. Très souvent les mots sont répétés. Les jeux de sonorités sont essentiels, et prennent parfois le dessus sur le sens. Les hommages sont nombreux, plus ou moins codés mais jamais ils ne donnent cette sensation d'être là pour les « happy few ». Pour Valérie Rouzeau les poètes qui l'ont précédé restent là comme de simples échos sonores. L'héritage, aussi imposant soit-il, ne rend pas l'écriture impossible pour autant. Elle semble simple et relativement légère, évitant l'introspection et l'épanchement. Un poème se termine sur un « waouh ». Va où ?
J'ai emprunté deux autres recueils de l'auteure, dont je vous parlerai, je l'espère, très vite.
120 pages, éd. Le Temps qu'il fait - 14 €
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