02 avril 2008

Vieil Ange de Minuit

Vieil Ange de Minuit a paru en 1998 aux éditions Gallimard, en même temps que paraissait aux éditions Denoël ce qui reste probablement mon roman préféré de Jack KEROUAC : Anges de la désolation.

Vieil Ange de Minuit, old midnight angel, « vieil ange de la mi-nuit » comme l'appelle Kerouac dans sa langue kanuk maternelle, c'est d'abord l'ange inspirateur, celui qui inspire une vision à Jack. C'est ensuite une figure métaphysique, sorte de compilation du Bouddha, des divinités mexicaines, des idoles de toutes sortes et du petit Jésus lui-même : le récit commence un vendredi saint. C'est enfin celui qui revêt toutes les figures du passé, ou qui les convoque au moins : William Burroughs, Allen Ginsberg, Neal Cassady, et toutes les femmes.

Ah, les femmes dans l'œuvre de Kerouac ! Il y a de quoi faire une thèse, si ce n'est déjà fait. Ici, dans ce délire presque incontrôlé, les femmes prennent le plus souvent la part de l'ange : il vaut encore mieux qu'elles s'évaporent complètement, tant elles ne sont pas mises à l'honneur. A part Mémère, bien entendu.

Pour le reste, je ne vous cacherai pas que la lecture de ce carnet d'impressions est assez indigeste. Totalement, même, si vous attaquez l'hermétique forteresse par le biais de la préface : du grand n'importe quoi, ou comment fabriquer du jus de cerveau à base d'œufs à la coque.

Voilà donc un texte qu'il vaut mieux lire par petits bouts, comme on aurait une suite de "visions". Le terme de "vision" était d'ailleurs cher à Kerouac (ce que n'est pas foutu de dire l'embouché préfaceur), à mon sens parce qu'il mêle le sens religieux au sens simplement mémoriel, et que tous deux sont primordiaux dans les récits de Kerouac : transcendance et mémoire, souvenir et vision.

A réserver je le crains aux fanatiques de Kerouac, dont je suis. Sauf à vouloir se dégoûter d'aller plus loin. C'est-à-dire de découvrir les récits comme Visions de Cody, Visions de Gérard, Docteur Sax ou Maggie Cassidy.


66 pages, publié avec deux autres textes courts aux éd. Gallimard - 11,90 €

4 commentaires:

Anonyme a dit…

mais arrête!!! moi je suis complètement gagnée par la description que tu fais de ce bouquin! dire que je n'en soupçonnais pas l'existence (enfin je ne suis pas une grande experte de Kerouac, non plus). Tu crois vraiment que ça va me dégoûter?

Nicolas a dit…

Il faut le prendre comme une compilation d'impressions désordonnées et de hantises proches de la paranoïa, mais dans ce genre-là, ça peut éventuellement te plaire... ;)

Anonyme a dit…

Moi c'était plutôt "Sur la route"...Ou les "anges vagabonds"; Kérouac avait réussi à trouver le flow, le flow plutôt que le beat...

Il était un peu fragile, un peu atteint, un peu sauvage et candide, et idéaliste aussi. Comme tout écrivain véritable.

Anonyme a dit…

why not? :-)